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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 07:47

Lettre à ma maman et mon papa de moi maman

 

A mon tour, je suis devenu maman il y a peu, ce qui a provoqué pour vous le saut dans une autre génération, celle des grands-parents qu’on appelait Pépé et Mémé, pépère et mémère, grand-père et grand-mère… de votre temps. Maintenant, c’est souvent papi et mamie, sans compter tous les petits noms personnalisés.

Oui, je suis devenue maman de mes enfants et en suis très fière. Et parfois, j’ai l’impression que vous m’en voulez de vous avoir fait franchir cette marche générationnelle et de nombreux « pourquoi » envahissent mon esprit.

 

Pourquoi ?

 

Pourquoi vous sentez-vous obligés de me faire des remarques désobligeantes sur ma manière d’élever mes enfants avec leur papa ?

Pourquoi vous placez-vous trop souvent en expert de l’Education ?

Pourquoi ne faites-vous pas comme moi je veux qu’on fasse avec mes enfants, vos petits-enfants ?

Pourquoi ne respectez-vous pas le cadre que je pose, les règles que je demande ?

Pourquoi me faire la leçon qui me montre que je ne sais pas faire alors que vous… ?

Pourquoi attendez-vous tant de moi alors que j’ai toujours besoin de vous ?

 

Mais comment vais-je pouvoir gagner confiance en moi, en ma capacité à être maman à mon tour ?

J’ai besoin de vous, j’ai besoin que vous me souteniez. Rappelez-vous quand vous étiez jeunes parents, que vous cherchiez des solutions, vous posiez mille questions. Avant de me donner des réponses, vos réponses, attendez simplement que je vous pose mes interrogations.

J’ai besoin que vous écoutiez mes angoisses, mes peurs, mes craintes et que vous m’apaisiez, me consoliez, me renforciez dans ma fonction parentale ; pas dans la vôtre.

Oui, j’ai besoin que vous continuiez de vous mettre à mon service, c’est-à-dire au service de ma nouvelle fonction. Oui, j’ai besoin que vous me montriez encore l’exemple, mais avec moi, pas avec mes enfants. J’ai besoin d’écoute, de réassurance, de douceur, de compassion, de relais, d’amour doux sans jugements de valeur, sans critique (Pour cela, je n’ai besoin de personne, je me trouve souvent nulle comme maman quand je craque, quand je n’arrive pas à faire ce que je veux). Mes enfants ont besoin que je passe du temps avec eux, j’ai besoin que le temps que vous passiez avec moi, maman, soit un temps où vous me ressourciez. J’ai besoin de me savoir en pleine et totale confiance quand je vous confie mes enfants en sachant que vous allez soutenir mon cadre éducatif auprès de vos petits-enfants.

 

Avez-vous peur ?

 

Avez-vous peur de perdre votre propre statut de parent ?

Vous resterez mon papa et ma maman pour la vie et même si je ne pratique pas tout le temps comme vous ou comme vous souhaiteriez que je fasse. Je vous aime et vous respecte et cela jusqu’à la fin de vos jours. Ce n’est pas parce que je ne fais pas comme vous avez fait que cela fait de vous des mauvais parents. Une amie, jeune maman a dit à sa propre mère alors qu’elle discutaient éducation: « Toi, tu as été la meilleure des mamans des années 80 ». C’est une magnifique déclaration d’amour et de statut. J’ai besoin encore de vos câlins, de me retrouver dans vos bras, d’un beau et doux regard, de mots d’amour parce que je suis votre fille pour la vie.

 

Avez-vous peur que je sois meilleure parente que vous ?

Mais nous ne sommes pas en compétition. Je suis devenue ce que je suis en partie grâce à vous et une partie grâce à moi. Je vous demande de respecter cette part qui m’appartient et que peut-être vous pouvez trouver belle. Parce que cette liberté, c’est vous qui me l’avez donnée. Et je ne suis pas meilleure mais différente. Le Monde a changé, les connaissances sur l’Education ont avancé, les neuro sciences sont passées par là. On sait par exemple maintenant que les coups sur enfants sont toxiques. A votre époque, cette information était peu diffusée. Et vous même aviez adouci ce système par rapport à vos propres parents qui possédaient un martinet. Ce n’est pas parce que je ne mets pas de coups à mes enfants, même des tapes sur la main que cela fait de vous de mauvais parents et de moi une maman laxiste qui laisse tout faire. Je ne renie pas l’éducation que vous m’avez donnée. Je ne vous renie pas. Je vous demande juste de me laisser continuer d’évoluer dans ce sens et même de m’encourager dans la bienveillance éducative.

 

Avez-vous peur d’être inutiles, de ne servir à rien ?

Alors, il faut montrer en s’imposant et imposant ses idées, même au risque de ne pas respecter les miennes. Mais j’ai besoin de vous. J’ai besoin de votre regard accompagnant, j’ai besoin de vos paroles réconfortantes quand je doute. J’ai besoin de vos relais quand je craque. J’ai besoin de vos réponses quand je me pose mille questions, même si je ne suis pas à la lettre vos réponses, elles peuvent me permettre de me forger mes propres idées. J’ai besoin de vos relais quand je suis fatiguée, quand je rentre du travail, quand je n’ai même pas une minute à moi. Rappelez-vous : Je prends ma douche en moins d’une minute, je ne ferme plus la porte des toilettes, je ne dors plus une seule nuit d’une traite, j’ai l’impression de passer mes jours à faire la vaisselle, les lessives, ranger, ranger. Et quand tu arrives chez moi et que tu poses un regard comme sur un champ de bataille. Oui, c’est moins bien rangé que chez vous, mais j’ai des enfants, juste donne-moi un coup de main avec joie et sourire …

 

Avez-vous peur de vieillir, de mourir ? Alors vous luttez pour ne pas changer de statut, pour trouver que de votre temps, les enfants écoutaient leurs parents, obéissaient… Je vous invite à fouiller en détail votre enfance et vous mémoriserez de nouveau des souvenirs pas si cool que ce que la mémoire nous laisse croire. Etre grands-parents, c’est aussi rester parent jusqu’à la fin des jours. Il n’y a pas de grands-parents qui n’ont pas été parents avant (sauf beau grand-père ou belle grand-mère, mais cas particulier). La grand parentalité n’efface pas la parentalité, elle la modifie, la fait évoluer, je dirai même peut la renforcer.

 

 

Avez-vous peur de perdre votre autorité sur moi ?

J’ai simplement besoin d’une autre autorité. Voici une définition qui me parle : « L'autorité s'inscrit dans un rapport au temps, à l'héritage, et qu'elle est vouée, dans son exercice, à disparaître : contrairement au pouvoir, à la domination, à la contrainte, l'autorité vise l'autonomie progressive de celui qui en bénéficie ».

      J’ai besoin que vous fassiez autorité à mes yeux, que vous soyez cet élément stable ou, quoiqu’il arrive, vous êtes toujours là pour moi, pour mes enfants. Je peux toujours compter sur vous. Vous répondez à mes appels téléphoniques quand cela ne va pas, quand je doute. Vous me rassurez. Quand je demande conseil, vous me donnez votre conseil, toujours en ouvrant les portes et terminant vos phrases par : « Mais tu fais comme tu veux bien sûr ma fille, et nous serons derrière toi ». Vous me proposez de me soulager sur des courses, tondre ma pelouse, emmener les enfants à tel endroit, une soirée pour que je sois seule avec mon chéri (ou autres). Quand vous êtes dans cet axe là, vous êtes au zénith de mon amour pour vous. Je vous aime tellement. Votre mission, c’est me donner confiance en moi, en cette maman qui doute tellement. Faîtes moi briller le miroir pour que je me regarde et arrête de me trouver nulle et moche pour élever mes enfants.

 

 

Qu’est-ce qui me blesse ?

 

Je suis blessée quand je demande que les enfants se couchent à 20 h 30 et que vous les couchez bien plus tard. Je comprends que des grands-parents tolèrent 10 minutes de plus, mais pas une heure ou 90 minutes de plus. Je paie les pots cassés le lendemain en énervement, fatigue… J’ai besoin que vous respectiez cette règle, même que vous la souteniez.

 

            Je suis blessée quand je vous entends faire du chantage éducatif alors que je vous avais expliqué ce que je demandais. « Si tu es sage, tu auras des bonbons ». Je comprends que ce soit difficile pour vous, mais quand je vous le rappelle, j’attends juste que vous me disiez cela, que vous ne l’avez pas fait exprès, que les habitudes sont difficiles à perdre, pas que ce sont des « conneries » et des détails mes exigences.

            Je suis blessée quand je vous entends leur dire qu’ils sont vilains parce qu’ils n’ont pas fait ceci ou cela.

            Je suis blessée quand je vous entends me critiquer devant mes propres enfants.

            Je suis blessée quand je vois que vous leur donnez des tapes alors que je ne veux pas, quand vous les punissez alors que j’ai choisi la réparation comme ligne de conduite. Et en plus, un GP n’est pas là pour punir.

 

            La petite fille en moi est blessée, la maman en moi est vrillée et tout s’enchevêtre, tout est confus et je me sens seule et sale.

 

J’ai besoin

     J’ai besoin que vous respectiez le cadre et les règles que je pose. J’ai besoin de votre loyauté, de votre exemplarité, de votre soutien, de vos actions, de vos réponses quand j’ai des questions, de votre amour, de votre passion, de votre gentillesse, de votre empathie, de votre confiance et peut-être même de votre admiration pour qui je suis et ce que je fais au mieux de mes possibilités. Tout ce que vous montrez sur qui vous êtes, vous l’offrez en cadeau à vos petits-enfants. C’est votre part d’immortalité que vous plantez dans le cœur de mes enfants. J’ai besoin de vous parce que le jardin de leur cœur est immense et la pollution extérieure forte. J’ai besoin de vous, le jardin de mon cœur est grand et a tellement besoin de votre terreau d’amour.

    Je vous aime et j’ai besoin de vous comme cela.

           Joyeux Noël

               Votre enfant

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 10:13

Si tu savais…

 

Si tu savais comme depuis tout petit je trouve la vie compliquée. Ça a commencé dès mon plus jeune âge. Tout rentrait fort en moi, trop fort. Quand maman me grondait, j’avais peur qu’elle ne m’aime plus, alors je cherchais à être parfait, mais je n’y arrivais pas. J’étais juste trop petit et je me sentais coupable, je me trouvais vilain. Quand, en plus, je me trouvais sur le « banc des vilains » à l’école maternelle parce que je parlais trop ou n’arrivais pas à contrôler un temps soit peu l’expression de mes émotions, je me disais que la maîtresse avait raison et que maman ne pourrait jamais m’aimer.

 

            Si tu savais ce qui se passait dans ma tête et dans mon cœur… J’avais trois ans et je sentais bien que papa et maman ne s’entendaient plus. Je les entendais, je le percevais à d’infinis signaux : un regard trop appuyé, la voix un demi-ton au dessus que la normale, un pas plus rapide. Pourtant, ils ne me disaient rien, mais je le sentais. C’était pire parce que je croyais que c’était de ma faute. Je me sentais responsable. Aussi, je n’arrivais plus à m’endormir, je tapais contre les cloisons de ma chambre avec ma tête et ils me grondaient. Je ne comprenais pas, je ne comprenais plus pourquoi. Je perdais confiance en moi avec ces attitudes que moi-même je subissais. Je sentais comme un monstre qui poussait en moi au cours de ces tempêtes émotionnelles nombreuses qui me déroutaient et que mes parents ne pouvaient pas comprendre.

 

            Si tu savais le calvaire de la fête de l’école, j’avais quatre ans. J’étais heureux d’aller danser sur scène, je me réjouissais. J’avais appris facilement la chanson et je devais danser avec mon copain Antoine, mais on s’est disputé juste avant. Alors que je devais monter sur scène, ce fut impossible pour moi d’enfiler le costume prévu. Je restai figé devant l’ensemble des gens du village. Et même si ma famille a été géniale et m’a encouragé, j’eus honte de moi. Pourquoi je n’arrivais à faire comme tout le monde alors que je suis, paraît-il, plus intelligent que la moyenne. J’en doute vraiment.

            Si tu savais comment j’ai vécu le fameux « complexe d’Œdipe »… Un ou deux ans plus tard je ne m’en souviens plus exactement, alors que je voulais me marier avec maman et qu’elle m’expliqua que ce n’était pas possible, je ne compris pas. Ce fut une déchirure atroce à vivre, une blessure profonde dans mon petit cœur d’enfant. J’ai pu négocier que ma maison serait à côté de la sienne et qu’une porte nous relierait. Cela m’empêcha de dormir longtemps. Je perdais confiance en moi.

 

            Et il y avait ces étiquettes sur mes vêtements ou plutôt sous mes vêtements qui me rendaient fou, qui m’irritaient au plus haut point. Des voisines bien attentionnées expliquaient à ma maman et mon papa que c’était un caprice et qu’ils devaient s’imposer. Heureusement, maman qui avait vécu la même chose petite ne se laissa pas influencer. Elle se fâcha avec sa copine. Je savais que c’était à cause de moi. Je me sentis mal avec ça.

 

            Si tu savais comme à l’école, je m’ennuyais. Bien sûr que je n’étais pas le seul à m’ennuyer, mais j’avais l’impression que cela prenait une ampleur plus grande chez moi. Je me faisais souvent punir parce que je faisais le clown. Etais-je un clown ? Je voyais que d’autres enfants n’arrivaient pas à apprendre. Cela me touchait. Je trouvais cela injuste. Alors, j’arrêtais d’apprendre. J’ai fait comme eux, nous étions alors amis.

            Si tu savais toutes les questions que je me posais, des questions récurrentes qui reviennent sans cesse, chaque soir, même au cours de la journée, sur le sens de la vie, de la mort, sur l’amour, le pourquoi des éléments… Et je n’avais pas toutes les réponses, cela m’angoissait et je devins agressif ou renfermé, cela dépendait des jours. Je ne comprenais pas pourquoi.

            Si tu savais mon adolescence… Pour beaucoup, c’est une tempête, pour moi, ce fut une suite d’ouragans. Le moindre flirt qui se finissait en rupture, d’ailleurs, je n’ai jamais vécu de flirts légers, c’était à chaque fois les plus intenses histoires d’amour que la Terre ait portées. Quand elles se terminaient, le Monde s’effondrait. Oui, comme pour tout ado, mais en plus dense, en plus puissant encore. Je tentais de me remettre, mais à chaque fois, je laissais un peu de confiance en moi sur le bord du chemin de la Vie. Puis quand enfin, à 16 ans, une fille s’intéressa encore plus à moi, je fus touché, je tombais follement amoureux, me mariais avec toute ma naïveté sans mesurer sa nocivité pour moi. Je le compris bien plus tard. J’avais une telle soif d’aimer et d’être aimé, j’avais si peu confiance en moi que je me jetais corps et âme dans cette liaison mortelle (ou presque). Je restai enfermé longtemps avant de pouvoir m’en sortir. Ce fut grâce à ma confiance travaillée et gagnée petit à petit que je sauvais ma peau.

 

            Si tu savais comment je vis avec ce cerveau qui ne prend jamais de vacances et de fait qui m’angoisse, avec ces écarts de maturité entre ce qui est du registre cognitif et l’émotionnel qui rase tout. Ces idées qui fusent sans arrêt saturent mon disque dur.

 

            Et pourtant, je ne suis pas dyslexique, « dyscalculique », dysorthographique,  dysphasique, dyspraxique. Je ne suis pas TDA avec ou sans le H, je n’ai à priori pas d’autres troubles. Je n’ai pas non plus eu une crise d’appendicite à chaque rentrée des classes. Je suis simplement troublé par ma précocité, mon haut potentiel. Si tes statistiques, tes enquêtes scientifiques, tes cohortes, montrent le contraire, je t’invite à venir me rencontrer. Je ne suis pas « pathos » non plus, j’ai juste des caractéristiques qui font que pour moi qui suis à profil complexe et hétérogène, la vie a des couleurs plus vives et mordantes, trop éclatantes peut-être et nécessite un traitement particulier, un soin particulier, des lunettes bien réglées. Et nous sommes nombreux dans ce cas, très nombreux, peu importe la proportion.

 

            Si tu savais… J’ai fait un long chemin pour découvrir ou redécouvrir les belles richesses enfouies en moi, les mettre au service des autres, les offrir, les partager. Et je m’en réjouis. J’ai recherché mes ressources, ma capacité à la résilience qui est grande. J’ai découvert d’autres chemins, d’autres personnes.

 

 

            Entre être à l’écoute, apporter grand soin, écouter, accompagner, décoder… et « pathologiser », il y a un Monde. Juste gagner confiance en toi.

 

            Alors, si tu savais…

 

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 10:29

Vingt minutes de télévision pour dire aux parents que c'est un bonheur d'avoir un enfant surdoué... L'émission les Maternelles qui laissait la parole au Docteur Wahl, pédopsychiatre, mettait en exergue la facilité d'avoir ce type d'enfant au motif qu'il n'est finalement pas tellement différent des autres. Quel leurre !

Certes, je ne suis pas médecin et mon propos n'est pas de remettre en question les études, l'expérience et le regard de ce monsieur. 

 

Toutefois, j'ai la chance de diriger un établissement scolaire, 1er et 2nd degré avec un projet spécifique sur ce que l'on nomme la précocité. D'aucuns reprocheront qu'il s'agit-là d'une belle occasion d'augmenter les effectifs avec un projet racoleur. Ceux-là ne vivent pas le quotidien d'un établissement où les équipes pédagogiques mouillent la chemise plus qu'ailleurs.

 

 

Ceci posé, je suis d'accord avec le Docteur Wahl : avoir un enfant APIE est une chance. Des discussions intéressantes, des centres d'intérêt originaux, des interrogations sur le sens de la vie sans fin, une capacité à argumenter qui force l'admiration. Tout ceci est fort bon mais cela ne suffit pas. 

 

J'ai du mal à comprendre que l'on puisse attester qu'ils ne sont pas plus angoissés que les autres, voire moins, lorsque dans la même phrase l'on précise qu'ils ont des tourments métaphysiques et qu'ils mesurent avant les autres les enjeux du bien et du mal. De façon toute personnelle, je me réjouis rarement d'être tourmentée. 

 

Quant au fait qu'ils ne soient pas plus sensibles que les autres mais qu'ils aient plus de talents pour exprimer leur sensibilité, j'y vois un raccourci susceptible de les faire passer pour des comédiens. 

 

Les statistiques réduisant à 1% d'échec au brevet ces élèves-là sont sans doute le fruit du décrochage scolaire tellement plus présent chez eux. Du coup, ils ne se présentent pas, scolarisés à domicile ou orientés sur une voie différente dans les meilleurs des cas. 

Alors ... je vous invite. Je vous invite à venir passer une journée, une semaine, un mois dans cet établissement. Vous pourrez y observer que ce que vous dites peut être vrai pour les plus petits : globalement ils arrivent à faire face aux exigences posées par l'école, parfois avec douleur cependant. 

Vous verrez que les choses se compliquent au collège. 

Vous verrez que la chaîne alimentaire du monde animal les fait pleurer à chaudes larmes, vous observerez qu'il mettent du temps à se remettre d'une dispute avec leur meilleur copain et qu'ils sont bien incapables de faire l'exercice de maths demandé tellement ça les parasite. Jouent-ils la comédie ? Je veux bien le croire concernant l'exercice de maths mais quid de la chaîne alimentaire ? 

 

Du coup, vous verrez des enseignants prendre du temps pour leur expliquer, temporiser "On va traiter ça à 11h, pour l'instant on fait des maths.", rester à midi, le soir pour discuter avec eux, pour les rassurer, pour leur imposer de travailler parce que le sens de l'effort ... ils ne l'ont pas, contrairement à la curiosité qui leur est plus innée. Vous verrez ces enseignants prendre du temps pour les faire écrire quand ils refusent tant ils ont peur de laisser une trace, s'opposer quand ils débordent. Peut-être, simplement, leur apprendre la vie.

Vous verrez des professeurs parfois épuisés par ce quotidien mais heureux de leur être utiles, heureux de partager avec eux.

 

Vous verrez des parents agressifs parce qu'ils ont peur pour leur enfant qui ne fonctionne pas comme les autres, peut-être aussi parce qu'ils rejouent leur histoire scolaire durant laquelle ils n'ont pas été compris, vous les verrez lutter pour être entendus. 

Vous verrez une équipe pédagogique chercher avec eux plutôt que contre eux, discuter, imposer, parler, tenir compte...

Vous verrez que non, ils ne sont pas tous heureux et que leurs tourments métaphysiques les amènent, plus que d'autres j'en témoigne, à remettre en question leur existence, et qu'ils soient dyslexiques, TDAH ou dyspraxiques en plus ne change rien à l'attention que nous leur devons parce que nous avons décidé de travailler avec eux et de les accompagner au mieux. 

 

Je me réjouis, docteur, que vos petits patients entrent dans les cases et dans le flot de vos statistiques mais je me réjouis plus encore que certains de vos collègues qui travaillent le sujet depuis des années comme le docteur Revol, reçoivent des jeunes depuis longtemps, se tiennent disponibles pour les enseignants ou éducateurs que nous sommes afin d'avancer ensemble sur des pistes innovantes. Le mot important dans la phrase précédente est ENSEMBLE. Ces médecins ou psychologues ont l'humilité de reconnaître que nos métiers sont différents et qu'ils n'ont pas à faire face à vingt-cinq ou trente personnes mais à une seule qui est donc leur patient. Dans une classe nous accompagnons vingt ou trente impatients. Le regard est donc très différent, la posture et les besoins également. 

 

Et pour vous être agréable, puisque les statistiques semblent votre carburant, je me permets de vous adresser les miennes : 

Sur les 600 élèves que j'ai l'honneur d'accompagner dans les apprentissages, 35% de collégiens et 65% d'écoliers. Au total, 28% soit 168 élèves sont identifiés "précoces", "haut-potentiel" ou "surdoué". Ils ont passé le test psychométrique qui l'atteste. 

A la fin du collège, sur les 9,33% que représentaient les 3e, le taux d'échec de 5% ne concernait pas ces élèves. Nos APIE ont globalement réussi ! 

 

Et je gage que c'est précisément parce que nous avons tenu compte de leurs spécificités, de leurs particularités et qu'ils se sont sentis reconnus, appréciés, oserai-je dire aimés, dans un établissement prêt à y mettre une énergie peu commune mais nécessaire. 

 

Oui, les « précoces » heureux existent et tant mieux mais j'avais besoin de vous dire que ceux qui peinent sans trouble associé et que vous semblez balayer d'un revers de statistique méritaient mieux que vingt minutes de télévision pour dire qu'ils n'existaient pas. 

 

Venez, vous verrez !

 

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15 septembre 2017 5 15 /09 /septembre /2017 21:09

Nous n'avons parfois pas le choix des accidents, des drames,  des deuils ou séparations qui surviennent dans notre vie, mais nous avons toujours le choix de la manière dont nous allons vivre ces événements une fois passée le temps des vibrations sauvages et incontrôlées, des tempêtes émotionnelles qui nous emportent avec elles.

         Nous pouvons choisir et cela, c'est génial. Nous pouvons faire le choix de la paix, du pardon... ou pas. Nous pouvons faire le choix du rebond... ou pas. Nous pouvons nous affaisser  sur nous-mêmes et opter pour une dépression ou alors apprendre de cette épreuve et grandir. Mon ami Evrard m'a permis de conscientiser le fait que derrière toute épreuve se cache un cadeau qu'il faut juste découvrir pour rebondir, chercher et trouver pour grandir. Mais là, il me semble que toutes les personnes ne sont pas sur le même pieds d'égalité. Pour ma part, il me semble que les Hauts potentiels ont cette capacité à vibrer très fort, voire trop fort, mais ils ont également cette capacité au rebond, cette prédisposition à la résilience qui leur permettra de repartir encore plus haut.

         Et aujourd'hui, pour moi, c'est un jour anniversaire (10 ans) et je me concentre sur les cadeaux que m'ont apportés cette épreuve de la vie : l'Amour d'autres rencontres, la joie d'un autre travail, la découverte d'une autre région. D'autres espérances... et pardonner. Je crois que je suis en cours de pardon. D'abord se pardonner à soi-même, ce qui est le plus important, puis pardonner à ceux qui vous ont mis à l'épreuve de la vie; mais également aller plus loin et les remercier pour cette épreuve, arrêter de chercher à répondre à cette question stérile : Pourquoi à moi ? Pourquoi si longtemps ? Et ne pas réussir à répondre, et surtout, quelle que soit la réponse, elle n’apportera rien de bon, peut-être de la culpabilité, la faute à pas de chance, des critiques négatives à son endroit… Chercher plutôt l’enseignement : Qu’est-ce que j’ai appris de cette épreuve de vie ? Qu’est ce que cela m’apporte dans l’ici et maintenant (cf JSF) ? Est-ce que j’apprécie mieux la vie, les petites attentions du quotidien, chaque jour nouveau avec une personne nouvelle, les rencontres, les nouveaux apprentissages. Je ne serai pas ce que je suis maintenant si je n’avais vécu ces épreuves de la vie. Alors merci à toi, merci à vous pour tous ces enseignements…

       Le blanc existe parce que le noir a existé. Chaque attention, belle rencontre, beau moment, même tout simple : une ballade, une discussion, un repas, un dialogue, un geste, un câlin… Tout prend e l’ampleur et me fait profiter de la vie.  Alors, merci la vie.

 Bises à tous

     JF

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24 juillet 2017 1 24 /07 /juillet /2017 05:30

Quand le conflit a éclaté avec son enfant... Rejouer le scénario différemment.

 

Elever un enfant, ce n'est pas de tout repos, c'est le moins qu'on puisse dire. Elever un enfant précoce, cela peut être sportif... L'amplitude émotionnelle, le manque de confiance en soi, l'auto culpabilité, le renferment, l'incapacité à gérer ses bouffées émotionnelles débordantes puis s'en vouloir, les crises... Et le parent qui doit rester mettre de ses propres émotions parfois hypertrophiées, qui a un zèbrion, mais parfois deux, voire trois à gérer, quelquefois seule... Et vous vous devez d'être "Maman parfaite" au risque de vous décevoir...

         Vous connaissez ou reconnaissez votre petit ? Je vous propose un "truc pour reprendre une gestion de crise, de conflit, qui ne vous a pas satisfaite : "Rejouer le scénario avec une autre sortie."

         Mon "P'tiot" a fait tomber mon ordinateur (un mac en plus) par terre. Je lui demande de le ramasser, il refuse. Je me rapproche et tente de lui expliquer, il se bloque. Je me fâche et lui nomme mon mécontentement, il se "sur bloque" et s'oppose. Je suis coincé. Je rentre dans le cycle : "Il doit s'incliner et obéir, faire exactement ce que je veux au risque de subir mes foudres. Je me place en dominant, écrasant, et je le contrains à ramasser de force (J-F, tu n'as pas été bon sur ce coup). En plus, le petit est fatigué. C'est la cata. Bref, transgression de règle male gérée, frustrations et colères des deux côtés, on se boude et on se retrouve tous les deux en colère contre soi-même. Départ en sieste qui ne fait que repousser le problème qui n'a absolument pas été réglé.

 

       

  Ce qui a pu se passer pour lui, c'est que son cerveau s'est bloqué au premier étage et qu'il a stressé, ce qui lui a barré la possibilité de réfléchir avec un trop plein de "cortisol ou d'adrénaline". Il a repris un des trois possibles à ce moment-là : fuite, agressivité, sidération. Sur ce cas, ce fut la sidération et je souhaitais le faire réfléchir et agir alors qu'il en était totalement incapable d'un point de vue physiologique. J'aurai dû... Non, je vous donnerai des pistes plus tard.

         La question est : Comment sortir gagnant / gagnant de ce conflit mal réglé ?

 

 - Un premier point est le fait d'être au moins deux à pouvoir intervenir sur le petit. Cela, c'est une vraie opportunité. Mais quand on est parent solo, c'est plus difficile. Si on peut se tourner vers une figure d'autorité qui peut être le grand-père, la grand-mère, un oncle, un ami, une amie..

. c'est ok. Si c'est son conjoint, qu'il soit ou non le papa ou la maman biologique de l'enfant, c'est ok. Quand on est deux adultes référents au moins, ces différentes présences apportent e la fluidité, de la fraîcheur, un regard nouveau dans le conflit. Il ne s'agit pas de prendre partie pour l'un ou l'autre, il suffit de reformuler ce qu'il s'est passé, de formuler des hypothèses d'explications du type : "Tu vois, grand-père s'est fâché par ce que tu n'as pas ramassé son ordinateur. Il m'a dit que faire tomber son ordinateur, même lui, cela lui arrive. Il t'en a voulu pour ne pas avoir voulu le ramasser... Et toi, tu es en colère contre toi peut-être ? Ou contre lui ? Ou un peu des deux ...

Rassurer l'enfant, tenter de l'apaiser, légitimer ses émotions, les reconnaître, expliquer la scène, expliquer ce qui a pu se passer dans la tête et le coeur de l'autre. Discuter de nouveau avec l'un, avec l'autre, les faire se parler, se comprendre, permettre à chacun de prendre sa part de responsabilité...

 

         - Un deuxième point est de rejouer le scénario. L'adulte propose de rejouer la scène de façon "idéale", celle qu'on aurait aimé voir émerger dès la première fois (Vous savez, dans le monde de la théorie où cela marche toujours parfaitement). Alors, je lui ai proposé à partir de l'ordinateur au sol de le ramasser, de venir s'excuser en venat près de moi. Alors, le "p'tiot" a ramassé l'ordinateur, la reposé sur le coin de la table basse et est venu vers moi.  Je l'ai pris dans mes bras, il m'a dit qu'il était désolé, qu'il ne l'avait pas fait exprès et qu'il s'en voulait. Je l'ai embrassé en lui disant que je comprenais, que ses excuses et sa présence, le fait qu'il souhaitait réparer me faisait du bien et que je l'aimais quoiqu'il arrive. Nous avons vérifié ensemble s'il marchait toujours et nous nous sommes dit que la prochaine fois, je ne laissais pas traîner les fils et que lui ferait attention où il allait.

 

         Je vis un enfant soulagé, heureux et apaisé. Le deuxième effet, l'effet "kiss-cool", c'est que moi-même je me suis senti apaisé parce que moi non plus je n'étais pas content de moi. Vous rendez-vous compte ? Le prêcheur de l'éducation non violente qui n'est pas "foutu" de gérer son petit-fils ?

 

         Pour synthétiser, je vous propose deux points à conserver :

                  - le premier est le relais dans la transgression de règle

                  - Le deuxième, la possibilité de rejouer le scénario et le revivre en regardant ce qui se passe dans ses émotions, s'entraîner à d'autres solutions, imprimer dans ses souvenirs d'autres possibles. Oui, il faudra certainement mettre et remettre le pain sur la planche souvent. Ils nous proposeront d'autres situations auxquelles on ne s'attendait pas, mais c'est cela la vie de parents, d'éducateurs, c'est faire face à  des situations nouvelles non anticipées et se trouver démuni. Mais c'est également cela qui donne une saveur particulière à la vie.

      Juste poser un doux regard  sur l'éducateur, l'éducatrice que vous êtes, que nous sommes et apprendre, apprendre, et toujours apprendre.

    Bises et bel été à tous.

            J-F

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9 juin 2017 5 09 /06 /juin /2017 08:36

Je réagis aux annonces faites dans la presse sur le redoublement et me permet ces quelques remarques sur le point de vue d'un pur produit de l'Education Nationale pendant trente ans à différents postes : enseignant maternelle et primaire, enseignant spécialisé (maître G pour les initiés), chef d'établissement, formateur...). Une première remarque me vient immédiatement : "C'est déjà bien qu'on se pose cette question et qu'on ait ce soucis de la réussite des jeunes". Est-ce la bonne question ou les bonnes réponses, c'est de cela que je souhaite débattre.

 

            La question du redoublement, me semble t-il, ne se pose pas de manière binaire en : ça marche ou ça ne marche pas, c'est efficace ou pas ? Dans certains pays, le redoublement existe et dans d'autres pas. Cette question est posée en réponse à un point d'organisation précis : notre pays a fait le choix de réunir les élèves par tranche d'âge. Ce phénomène s'est accentué à partir de l'après guerre avec l'exode rural et de fait la multiplication des classes "unigrades" dans les villes. Nous aurions pu effectuer d'autres choix. Se cacherait derrière cette mesure du redoublement ce postulat que tous les élèves d'une même tranche d'âge devraient apprendre la même chose en même temps, au même rythme, de la même manière avec les mêmes résultats. Si ce n'est pas le cas et que l'élève, pour X ou Y raison ne tient pas le rythme, on lui offre l'opportunité de recommencer de la même manière les mêmes situations, à la même vitesse en espérant que sa maturité physiologique permette cette conformité, ce qu'on appelle le redoublement ou, de manière plus acceptable, l'allongement du cycle. De la même manière se pose l'accélération du rythme de l'élève ou plus communément le saut de classe. Le saut de classe est l'espérance d'une nouveauté, l'espérance que la difficulté saura motiver le jeune, que la marque de reconnaissance soit un marqueur narcissique facilitant.

            En touchant au redoublement, on peut tirer ainsi le fil d'Ariane et soulever de nombreux points à améliorer. La question du redoublement n'est que la face visible de l'Iceberg de l'échec scolaire massif. (122000 jeunes sortant sans diplômes, indications du ministère)

            Or, de mon point de vue, le vrai problème, la vraie difficulté se situe dans la gestion de l'hétérogénéité de la classe par l'enseignant. Et dans la gestion de l'hétérogénéité se trouve la place pour moi trop importante faite aux programmes. En réunissant les jeunes par tranche d'âge, on a pensé à tort que ce serait plus facile pour enseigner et que tous les élèves pourraient ainsi mieux apprendre. A quoi cela sert-il de placer un jeune en échec scolaire (parfois il se place tout seul d'ailleurs) et le faire redoubler ensuite ?

            Il est vrai que la question est complexe quand vous êtes professeur devant élèves, que vous avez 30 jeunes en face de vous, une heure, voire moins, qu'il est 8 h du matin et que vous avez un cours de mathématiques à donner et que la demande implicite et explicite est de voir le programme, tous le programme, rien que le programme sinon vous êtes un mauvais professeur. Qu'il y ait des repères, bien sûr, mais que ces repères deviennent des obligations et que, vaille que vaille, même si certains élèves maîtrisent déjà la notion à aborder, on leur impose la séance, même si certains élèves sont à mille lieux de pouvoir comprendre quelque chose, on leur impose... Ici se situe un vrai problème : organiser les apprentissages de manière à répondre aux besoins diversifiés des élèves. Mais cela nécessite d'autres apprentissages pour les professeurs, je dirai même un changement de pratiques et de posture mais là est un autre débat.

            Une des missions de l'Ecole est de retrouver chacun là où il en est et de l'amener là où il peut. La refonte totale de la formation initiale et continue des professeurs est autrement plus urgente et importante, la refonte totale de l'organisation de l'Ecole est autrement plus importante, repenser l'évaluation, la place des programmes, le temps de présence du professeur sur l'établissement, l'organisation des cours, le rôle du chef d'établissement, l'autonomie des établissements, la question de la relation prof / élève, la question du travail du soir, le système punitif... et j'en passe.

            Juste avoir en arrière pensée que le fait de redoubler ou pas n'est qu'une infime partie du problème de l'échec scolaire, de l'inadéquation entre l'offre de formation de l'E.N. et la réalité de nos jeunes. Les neurosciences nous offrent de belles perspectives de changement, la psychopédagogie également. Mais qui veut vraiment du changement ? Avec cette organisation d'un autre siècle, des réformettes à la marge ne suffiront pas à répondre au défi éducatif de ce siècle.

 

   Bien amicalement à tous

                        Jean-François Laurent

 

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30 mai 2017 2 30 /05 /mai /2017 08:46

  Ceux qui me suivent ou me connaissent savent combien je suis attaché à l'éducation restaurative, forme d'éducation ferme et bienveillante qui prend ses sources dans la CNV (communication non violente), la médiation, la gestion bienveillante des conflits, la sanction réparatrice, les chaudoudoux... 

   Je suis attaché à ces pratiques pour au moins deux publics : celui qui m'a emmené vers ces champs éducatifs quand j'étais directeur d'école, ces enfants HP pour qui cette forme d'autorité est particulièrement adaptée, et tous les autres cohortes d'enfants qui, sans ce type d'éducation, perdent confiance en eux et en leurs capacités au bonheur.

    Eduquer ses enfants dans un cadre bienveillant est un apprentissage qui s'installe dans le temps. Il s'agit de modifier ses propres modèles parentaux pour les mettre en pratique avec ses propres enfants ou petits-enfants. Il s'agit de prendre des réflexes différents, d'automatiser des procédures et cela ne va pas de soi. Il est nécessaire comme tout apprentissage de s'entraîner, répéter, conscientiser, modifier, adapter, mesurer... Et cela a des conséquences que je n'avais pas anticipées, mais tellement évidentes et naturelles.

    Moi qui prône la pédagogie de l'exemple, j'ai été servi la semaine dernière par une scène vraiment géniale (vue par moi bien sûr) que je vous décris ci-après et que je n'avais pas anticipée : 

   "Un petit de 16 mois a tendance en ce moment à lever la main et frapper quand il ressent une émotion qu'il ne sait pas traduire autrement. Son grand frère de trois ans et demi, sa maman, sont particulièrement visés et subissent les assauts du poussin. Sa maman, adepte d'une éducation bienveillante, dès que son petit lève le bras et tape l'arrête avec un "stop" puissant et immédiatement le prend dans ses bras, le câline et met des mots sur sa colère, frustration ou autre émotion en formulant des hypothèses. Le petit s'apaise immédiatement et progresse tranquillement vers d'autres solutions d'expression. C'est également plus confortable pour la maman qui ne se sent pas visée directement et n'analyse pas son enfant comme violent ou "désaimant". 

    Devant mes yeux, il est 9 h du matin, j'observe donc le petit se rendre d'un pas vif près de son grand frère et lever la main sur lui pour lui porter un coup. Réponse immédiate du grand frère : "Stop, on ne fait pas comme cela" et il prend son petit frère dans ses bras et le câline. Petit frère a bien aimé puisqu'il lui a rendu son câlin. Ils sont restés ainsi une quinzaine de secondes dans les bras l'un de l'autre. Le grand frère lui a alors expliqué avec ses mots que lorsqu'on était pas content, on le disait avec des mots et que lui n'aimait pas être frappé, qu'il n'était pas content et que ça lui faisait mal, même dans son coeur."

   Scène magnifique où le grand avait modélisé une forme de résolution de conflit par la bienveillance éducative. Se faisant, il a permis au petit de s'apaiser très vite, le câlin permettant au cerveau d'enclencher des neuro transmetteurs type ocytocine, endorphine, dopamine, sérotonine, ce que j'appelle une D.O.S.E. Pour lui-même, la gestion fut rapide, immédiate, efficace, douce et faiblement consommatrice d'énergie négative. 

     En pratiquant nous aussi comme cela, nous avons servi de modèle à l'enfant. Si on frappe son enfant, on lui apprend à frapper, mais si on câline son enfant, on lui apprend à câliner. Si on résout en bienveillance éducative une transgression de règle, l'enfant fera de même. Ses schémas d'élaboration se modifient.

      J'ai pu remarquer également que le tout petit avait compris le pouvoir des câlins. Maintenant, il a pris l'habitude spontanément quand il commence à vouloir lever la main sur autrui ou quand il a levé la main à venir chercher le câlin immédiatement pour s'apaiser, comme une réponse qui lui fait du bien. Ce petit bonhomme est sur le chemin. Il trouve d'autres modes d'expression pour exprimer sa frustration, déception, colère... Et son frère d'autres réponses pour gérer sa relation à son frère.

    Vive la bienveillance éducative qui procure et donne confiance aux petits dont on a la charge,  leur montre une voie à suivre, mais également à nous éducateurs, parents, grands-parents... 

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24 février 2017 5 24 /02 /février /2017 15:50

Lettre aux grands-parents

 

Bonjour,

    Je suis interpellé hier soir tard par une amie désorientée par l'attitude de sa propre mère et qui me demande d'écrire un texte pour les grands-parents.

 

  "Coucou! Comment vas-tu ? J'ai vraiment bien aimé ton texte sur les tempêtes émotionnelles, bravo et merci, cela fait du bien ! D'ailleurs je crois être en pleine tempête là ! Je t'en fais part pour savoir si cela vient de moi et ma gestion des émotions ou s'il y a quand même un peu matière à être en colère : Contexte : Ma fille (3 ans et 1/2) est en vacances chez mes parents. Avant de s'endormir, elle passe beaucoup de temps à discuter dans son lit, elle sort d'une longue période d'angoisse de la nuit, du noir, du loup, montres, sorcières et autres... C'était bien plus compliqué, là, elle ne fait que discuter. Faits : Je viens d'apprendre par ma mère au téléphone que celle-ci lui a dit : "Si tu te tais quand tu vas au lit et que tu t'endors tout de suite, tu auras une pièce" (des euros quoi!). Cela a fonctionné hier pour la sieste et pour la nuit... je me suis contenue pour lui dire calmement que je n'étais pas d'accord sur cette méthode, que c'était une forme de chantage, que ça refoulait probablement quelque chose qui a besoin de sortir, que ça fausse sa représentation de l'argent, etc... Et là ma mère me répond : " Ecoute, tant que ça marche, c'est très bien ! " Puis elle a changé de conversation avant de raccrocher. Je suis révoltée et mon mari également... on a tort ? On en fait une montagne ? As-tu un texte ou une référence à lire sur le sujet stp ? Merci de m'avoir lue, ça m'a déjà apaisée un peu... Gros bisous et à bientôt"

 

  Cher grand-père, chère grand-mère,

 

     C'est ému que je prends la plume pour te donner la réponse que j'ai écrite pour mon amie qui n'est pas folle du tout et quelques lignes de conduite à tenir.

 

     Alors, toi aussi, tu ressens un immense vent chaud à la fois dense et doux qui bouleverse ton coeur, qui le fait chavirer. Un amour qui te permet de gagner dix ans, de se sentir de nouveau jeune et utile. Tu ressens ce désir de transmettre des valeurs qui t'habitent en profondeur. Toi aussi, la première fois que tu deviens GP, tu ne t'attendais pas à ce chamboulement, tu ne savais pas que ce serait si fort. Tu penses à lui, à elle, à eux souvent. Dès que tu as une occasion, tu montres des photos de tes petits-enfants. Oui, c'est peut être cela, être GP, mais cela ne te donne que le pouvoir de l'Amour qui est déjà immense.

 

            Maintenant que tu es grand-parent, tu n'es plus parent de ces petits, mais totalement grand-parent et tu as à te convaincre que ton enfant restera toujours ton enfant, mais que à son tour, il ou elle est parent et te fait reculer ou avancer selon ton point de vue d'un cran. Moi, je choisis "avancer".  Tu ne décides plus de tout et tu dois faire ton deuil de cette toute puissance.

 

            - Maintenant, tu es papi ou mamie et tu es déchargé de cette responsabilité où tu joues ta vie à chaque décision à prendre.

            - Tu es papi ou mamie et tu te glisses dans le sillage tracé par  tes enfants, sillage que tu as toi-même creusé quand tu étais parent de tes enfants. Tu resteras toujours parent de tes enfants, mais le paramètre qui a changé, c'est qu'ils volent de leurs propres ailes et qu'ils sont eux-mêmes parents à leur tour. C'est eux qui tracent le sillon

 

            - Tu es déchargé des responsabilités de choix éducatifs, qu'ils soient petits ou grands (ne jamais mettre de fessées ou ne pas regarder un petit dessin animé).  Tu es ainsi plus léger, plus légère dans ta fonction de GP.

 

            - Tu es chargé d'une mission : renforcer les parents dans leur fonction parentale, les assoir dans cette fonction.

 

            -Tu es chargé d'une mission très importante : être une oreille attentive de la jeune maman ou du jeune papa, les rassurer dans leurs décisions, leurs doutes.

 

            - Tu es chargé d'une mission très importante : Donner confiance à ce jeune papa ou cette jeune maman, dédramatiser certaines situations, aider à la prise de recul par un questionnement qui leur permettra de faire leurs propres choix.

 

            - Tu es chargé d'une mission très importante : Soulager, permettre aux parents de respirer de temps en temps, leur permettre de se retrouver mari et femme et d'avoir quelques fenêtres de temps pour leur couple.

 

            - Tu es chargé d'une mission : soutenir par ton quotidien, tes interventions les choix parentaux, rester fidèle à leurs lignes de conduite (leur sillon) sans jamais trahir.

 

            - Et si tu as l'impression qu'ils font fausse route, vous en débattez avec infiniment d'amour, de douceur et de tendresse. Tu as ton expérience, ils ont la leur. Pour cela, tu dois te débarrasser de l'idée de croire que tu sais mieux qu'eux parce que tu le parent du parent, que tu as été parent avant eux.  Mais cela, c'est une bêtise, tu n'es pas en compétition avec tes enfants devenus parents.

 

            - Ma belle-fille a eu cette parole magnifique vis-à-vis de sa maman : "Maman, tu as été et tu es la meilleure des mamans des années 80". Mais nous sommes en 2017 et les connaissances sur l'enfant ont changé, se sont améliorées, les connaissances sur le cerveau sont incroyablement plus précises. Moi-même, je suis bien différent avec mes petits-fils que je le fus avec mes propres enfants. Mes connaissances ont été bouleversées par l'apport des neurosciences, de la PNL, de la CNV, de la Médiation...

 

            Sur quels points y a-t-il eu de grands changements ?

 

            Je vais te donner quelques points sur lesquels il va falloir te remettre en questions et c'est bien pour toi comme pour tes petits-enfants.

 

            - Axer son éducation sur la peur et jouer de ce levier : "Attention, si tu n'es pas sage, tu vas te faire gronder..."

 

            - Croire qu'un enfant fait des caprices. Simplement son cerveau sera mature après 25 ans et il n'a pas les outils en lui pour gérer ses émotions.

           

- Faire du chantage : "Si tu t'endors sans pleurer, tu auras un bonbon ou une pièce...." Ce serait légitimer le chantage.

           

            - Mentir à l'enfant et lui raconter que la télé est en panne alors que simplement on ne veut pas qu'il la regarde. Mentir, c'est discréditer la parole de l'adulte et de fait sa propre parole. On ne ment jamais à un enfant, même si on ne dit pas tout, mais on dit qu'on ne dit pas tout. on lui apprend la franchise.

 

            - Donner des coups, mettre des fessées. Comme la Terre est ronde et on ne le conteste plus, donner des coups est néfaste à l'enfant. Il n'y a pas de bonne fessée. donner des coups, c'est légitimer la violence et montrer qu'on règle ses conflits en tapant.

 

            - Récompenser un comportement : "Si tu es sage, tu auras un bisou ou un bonbon".. On en fera des matérialistes.

 

            - Faire des retours positifs, dire à son enfant qu'on l'aime remplit son réservoir d'amour. Ces fameux chaudoudoux dont je parle souvent.

 

            - Ne jamais punir mais proposer des sanctions réparatrices. Ne pas mettre au coin, pratique qui humilie l'enfant et qui le laisse seul avec des émotions dont il ne sait quoi faire.

 

             Et je te vois venir avec l'idée de l'enfant roi qui fait ce qu'il veut. Faux, archi faux, je suis pour le cadre bienveillant, la politesse, le respect de la parole, y compris celle donnée à un enfant. Je suis pour la sanction réparatrice, l'accueil et l'expression des émotions. Oui, je donnais des fessées à mes enfants quand ils étaient petits (années 80), oui je les humiliais quand je leur criais après. Mais je ne savais pas. Vous ne me croyez pas, je vous invite à regarder sur internet quelques sites ou blogs :

                       - http://papapositive.fr

                       - education-bienveillante.fr

                       - charlotte@coolparentsmakehappykids.com

                       - Les vidéos de Catherine Gueguen

                       - Les vidéos d'Isabelle Filliozat

                       - Les tribulation d'un petit zèbre

et plein d'autres...

 

 Et je vous invite à lire ce livre en PDF que vous trouvez sur mon site (jeanfrancoislaurent.com :       

                "Bébé confiant, parent heureux"

 

    Avec toute mon amitié

            Jean-François

 

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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 23:10

 

     Je partage avec vous les tempêtes émotionnelles, météo très en vogue chez les précoces. Bien sûr, pas uniquement chez les précoces, mais pratiquement toujours présentes chez  nos petits précoces détectés. Eux, encore plus que les autres ont énormément de difficultés à juguler leurs émotions qui prennent une tournure des plus "volcaniques et éruptives".

 

 

 

   N'oublions pas de rappeler que le cerveau est mature au cours de la troisième décennie et plutôt dans la seconde moitié. Il est donc logique qu'un enfant ait des difficultés à gérer ses émotions, mais chez nos petits précoces, cela prend souvent une ampleur  imprévisible.

   Un événement arrive, l'enfant prend de plein fouet une émotion qui monte en lui telle une vague et le submerge. il ne contrôle plus, il faut que "ça sorte" d'une manière ou d'une autre. Il se met à adopter une attitude illisible pour une personne non avertie. Il "mord, tape (y compris, voire surtout sa maman), hurle, détruit, se sauve, se met en crise,  jette son repas, tape du pied, dans les murs... On ne sait plus quoi faire, que comprendre, comment agir. Faut-il stopper la crise de façon ferme et autoritaire ? Faut-il laisser faire ? Faire semblant ? Discuter ?

 

  D'abord, je vous invite à ne pas prendre au pied de la lettre les signes d'expression de la crise. L'émotion est une vague qui vient et repart. En tout premier lieu, s'il est en train de vous taper, stopper le geste et lui proposer une autre porte d'expression de cette énergie qui le submerge. D'abord recueillir l'expression de cette émotion, la laisser sortir et s'exprimer, inviter l'enfant à l'exprimer. L'entendre va permettre à l'enfant de redescendre plus vite. Vous pouvez, en fonction de vous, votre enfant, du lieu où vous êtes, de votre forme du moment : courir avec lui, le contenir, respirer, chiffonner du papier, malaxer, taper dans un ballon, un sac..., crier, aller marcher, câliner, sauter, pleurer... Après avoir veillé à ce que l'enfant ne se mette pas en danger, y compris de se faire mal. Vous accompagnez de la voix, vous accusez réception de ce que vous voyez, ressentez de la situation.

 

   Dans un deuxième temps, une fois que la première vague d'émotion est passée, que le pic est derrière nous, vous pouvez nommer ce que vous avez ressenti : "J'ai vu un enfant très en colère, déçu, très fâché..." S'il le peut, faites-le parler, s'il ne peut pas, entourez-le d'amour. Isabelle Filliozat parle de son réservoir d'amour qu'il faut recharger en urgence. Embrassez-le? Entourez-le de votre voix. L'heure de explications viendra plus tard. Sortez votre décodeur. Que voulait-il exprimer, dire qu'il ne sait pas lui-même ? Vous allez le questionner et explorer sa vie, ses difficultés, émettre des hypothèses.

   Une fois que vous avez trouvé, vous allez pouvoir mieux répondre au besoin non satisfait déclencheur de la tempête.

 

   Le problème, quand on est précoce, (et même quand on ne l'est pas, mais l'amplitude n'est pas forcément la même), c'est qu'on peut subir des tempêtes régulièrement et que ces tempêtes sont à effet "kiss coll" : double effet. Le premier est de mettre l'enfant, voire l'adulte dans une situation qui ne lui renvoie pas une belle image. Le deuxième est la réaction de l'entourage qui peut être totalement inadaptée et nocive pour le jeune qui perd encore plus confiance en lui et courra le risque de encore moins savoir comment gérer la prochaine tempête. Son manque de confiance en lui favorisera même les tempêtes émotionnelles.

 

         Pour illustrer mon propos, je vous donne l'exemple d'un petit garçon qui rentre de l'école et croise dans l'allée près de chez lui une camarade qui est seule. Il demande à sa maman de rester avec sa camarade, mais celle-ci refuse puisqu'il faut prendre le goûter, puis le bain et je ne sis plus quelle occupation bien légitime. Le petit rentre donc chez lui, pars en courant dans la salle de jeux et se met à tout jeter par terre avec une colère froide. Sa maman, initiée aux techniques d'éducation bienveillante arrive très vite, stoppe l'enfant en le prenant dans ses bras puis le sort dehors dans la foulée dehors afin de courir avec lui et faire sortir tout ce qui l'embête. Elle accompagne par des mots le fait qu'il puisse faire sortir ce qui l'embête. Une fois calmé, l'enfant explique qu'il voulait que sa copine ne reste pas seule. Il avait peur pour elle. Ils sont allés voir dehors où était sa copine. Ils ne l'ont pas trouvée. Le petit a eu ces mots : "Ca va, elle est chez elle, elle n'est plus toute seule". Et il est rentré avec sa maman, apaisé. Ils ont rangé ensemble la pièce sans dessus dessous.

     Son grand frère est inquiet et n'arrive pas à dormir. A dix ans, il devient de plus en plus colérique et agresse ou insulte presque tout le monde. Que veut-il nous dire de ces tempêtes émotionnelles ? Lui-même ne le savait pas. Après discussion à un moment post crise, il était très inquiet pour son grand-père hospitalisé et pensait que c'était de sa faute s'il était malade et croyait qu'il allait mourir. Nous avons pu parler, entendre son angoisse, expliquer, déculpabiliser. Les crises ont beaucoup diminué puis se sont arrêtées. 

    La deuxième option, que j'utilisais quand j'étais jeune papa, faute d'alternative était de crier très fort sur l'enfant, le punir. Il ne recommencera plus et conservera en lui toutes ses émotions qui ressortiront au mauvais moment, avec la mauvaise personne et la mauvaise intensité pour un mauvais prétexte... GGGRRRR, si j'avais su plus tôt ! Cette deuxième option est un puits sans fond pour perdre de la confiance en soi. Cette option est illustrée par le schéma suivant :

 

 

   Le parent ou l'éducateur ne comprenant une attitude illisible au premier abord risque d'avoir une attitude exacerbée qui va produire un sentiment d'injustice et en découlera une perte d'estime de soi.

 

         Et nos petits précoces se retrouvent certainement plus que les autres dans cette problématique éducative. Beaucoup de réponses se situent dans l'éducation bienveillante, CNV, Médiation... D'où mes prises de position contre la punition et la récompense et pour la sanction réparatrice et le chaudoudou, la médiation et l'expression des émotions, postures qui vont si bien pour nos petits et grands HP. ET comme ce qui est bien pour eux et bien pour tous les autres, profitons-en.

      Jean-François Laurent

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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 18:25
Interroger des points du système éducatif Français inhabituels avec Jean-François Laurent

 

 

En ce moment, cela bouge pour les présidentielles et un des points qui m’importe le plus est la politique éducative.

Quelles vont être les propositions des différents candidats ? Pour le moment je n’en ai pas vu beaucoup. Il ne me semble pas que ce soit une priorité. Alors je me permets de lancer les pistes qui me tiennent à cœur. Adepte de l’intelligence collective, je vous propose de concevoir mes propositions comme des portes ouvertes à la réflexion, à l’affinement, à complément, approfondissement…

 

Aussi, je souhaite qu’on ose interroger l’interrogeable, qu’on ose ouvrir les portes qu’on imaginait être des murs. Je souhaite poser mon regard là où on n’oserait pas le poser.

La question de l’Education NATIONALE

  • L’éducation, en fonction des changements politiques prend des virages différents et de ce fait déroute les équipes éducatives. Je placerai l’Union Européenne pour donner les grandes lignes à suivre et la région qui pilote au plus près.
  •  

Premier chantier à ouvrir : La question de la classe

  • Repenser le concept de regroupement par classe d’âge. Pourquoi doit-on réunir les enfants par âge et non par compétence ou affinités ?
  • Repenser la notion même de classe. Faut-il que les élèves soient réunis par classe ? On peut penser les regroupements en individuel, par groupe de 2, de 5, de 10… de 50 en fonction de l’objectif du regroupement. S’agit –il de transmettre des connaissances, réviser, s’exercer, revoir une notion, réaliser une production à plusieurs, comprendre un fonctionnement, mesurer ses performances, expliquer à autrui, aider un pair, approfondir, rechercher seul, à plusieurs, ensemble, s’exercer…

 

Deuxième chantier : La question de l’évaluation certificative

  • J’enlève cette fonction aux enseignants pour la remettre à d’autres professionnels. Que le professeur se consacre uniquement à sa tâche de professeur, d’accompagnateur des apprentissages et non à certifier le travail de ses élèves et donc son travail. Ce la permettrait au professeur de consacrer plus de temps à l’apprentissage, à l’accompagnement plutôt qu’à la mesure des performances.
  • Je supprime totalement les notes chiffrées, lettrées, commentées qui induisent une compétition entre les élèves.

 

Troisième chantier : La question du temps de travail de l’enseignant

  • Je repense le temps de présence du professeur du secondaire dans son établissement qui est globalement de 18 heures devant élèves. Je propose 35 heures dans l’établissement. Cela demande des bureaux pour le professeur afin qu’il puisse recevoir des jeunes, des parents, travailler avec ses collègues… Comme je remets en cause le concept de cours, le professeur ne sera plus avec dix-huit heures de cours devant une classe. En repensant l’emploi du temps des professeurs, je touche à l’emploi du temps de l’élève qui peut se retrouver dans un petit groupe, en individuel, avec vingt autres jeunes pas forcément de son âge.
  • Le salaire de l’enseignant doit être revalorisé en même temps.

 

Quatrième chantier : La question du temps d’heure de classe

  • Pourquoi une période de cours doit se situer autour d’une heure. Il me semble que c’est un repère à interroger complétement.

 

Cinquième chantier : La fonction du chef d’établissement et le choix de son équipe

                       - L’Ecole est une de seules organisations où le responsable ne choisit pas son équipe. Le choix de l’équipe enseignante doit être effectué en fonction du projet et non en fonction de la priorité des enseignants selon l’ancienneté, le diplôme, le statut ou je ne sais quelle raison. Le chef d’établissement doit être le responsable hiérarchique et responsable de l’établissement.

 

Sixième chantier : La formation des enseignants

  • J’introduirai dans la formation des enseignants tout ce qui touche à la communication bienveillante ou CNV, la gestion douce des conflits, la gestion des émotions.
  • Je supprimerai la punition pour la sanction réparatrice.
  • Je supprimerai la récompense pour le signe de reconnaissance positif.
  • J’interdirai strictement le travail du soir pour les élèves.
  • J’introduirai une formation à la relaxation, la méditation de pleine conscience…
  • Je favoriserai la coopération

 

 

Quelques éléments de réflexion non exhaustifs bien sûr, à compléter, enrichir, à travailler en équipe, à plusieurs.

    Bien à vous

           Jean-François Laurent

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Qui Suis- Je ?

  • : Le blog de Jean-François LAURENT
  • : Présentation de mes activités de formateur, conférencier et écrivain dans les domaines de l'éducation : enfants intellectuellement précoces, HPI, EIP, APIE, ainsi que tout ce qui touche l'autorité, la violence, le conflit, les règles dans les établissements scolaires. Me retrouver sur le site : www.jeanfrancoislaurent.com
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