22 mai 2009
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Je suis en colère ce matin, mais triste également. Un professeur s'est encore fait poignardé... et la seule réponse entendue par les médias, peut-être attendue par la population est le renforcement de la sécurité, volonté de mettre en place de portiques électroniques (ce qui ne fonctionne pas. Aux USA, seulement 1% des établissements ont mis en place ce système qui sonne très régulièrement à tort en raison de la sensibilité aux métaux, donc inopérants). Environ 1 personne sur quelques millions porte une arme dans un établissement scolaire en France. Nous attendons les effets d'annonce de M Estrosi (maire de Nice) qui va annoncer des mesures sécuritaires ++. Xavier Darcos propose la mise en place de brigades d'interventions dans les établissements avec possibilité de fouiller les jeunes à l'entrée...
Nous sommes arrivés à la surenchère sécuritaire. Mais elle ne fonctionne pas ou sur du très court terme, d'où le toujours plus, plus fort, plus dure. Le hic, c'est que cela fonctionne dans les deux sens :
- Chez les jeunes qui vont toujours provoquer plus de manière à être entendu. Et l'institution qui frappera toujours plus de manière à faire taire... A quand un massacre comme en Allemagne ou aux USA ?
Nous sommes rentrés dans une course poursuite où beaucoup de jeunes, mais également de professeurs sont victimes.
Avancer sur le chemin de la prévention :
- Apprendre aux jeunes dès la maternelle à gérer leurs conflits, à se réguler le plus possible sans avoir recours systématiquement à l'adulte qui tranche. Développer la médiation scolaire par les pairs.
- Donner aux jeunes enfants une belle image d'eux-mêmes, leur donner confiance en eux en modifiant toutes les pratiques compétitives à l'école (les notes, classements...), donner un autre statut à l'erreur, mieux différencier les apprentissages pour placer le plus possible d'enfants en réussite scolaire.
- Apprendre aux jeunes, donner des lieux, apprendre aux professeurs à donner une place aux émotions et leur expression. Souvent un jeune a raison d'être en colère pour X ou Y raison, sauf qu'il ne sait pas exprimer cette colère de manière recevable par l'entourage. Cela s'apprend. (cf Médiations sous le préau)
- Apprendre aux professeurs à gérer des conflits par des postures de médiation. les former à l'apprentissage des relations entre les personnes.
- Supprimer totalement de l'école les punitions pour les remplacer par des sanctions réparatrices.
- Réformer profondément le système d'évaluation trop compétitif (cf la constante macabre de Antibi chez Mat Ador)
- Donner la parole aux jeunes (pas la prêter en faisant semblant de les écouter comme lors des mascarades des conseils de classe) par des conseils d'élèves où il se fait un réel travail en commun.
- Des lieux d'écoute des souffrances, des questions des jeunes avec des assistantes sociales, infirmières, CPE, médiateurs...
Bref ! Travaillons d'abord en amont sur la prévention de la violence, sur un changement de culture à l'Ecole. Souvent, je m'aperçois que les violences perpétuées de manière isolée par un jeune sur un enseignant provient souvent d'une réponse inadaptée à la situation de transgression de la part du jeune. L'action de l'enseignant a mis de l'huile sur le feu alors qu'elle souhaitait un effet totalement différent. Nous ne pouvons pas en vouloir au professeur en question. On ne lui a jamais appris. On ne lui a jamais expliqué, raconté. pour ma part, alors que j'étais déjà formateur depuis une dizaine d'années, je ne m'étais jamais dit qu'on pouvait gérer des conflits sur la cour différemment, qu'on pouvait faire autre chose que donner des lignes ou punir quand un enfant transgressait une règle...
Je ne m'étais jamais imaginé....
Imaginons ensemble se former à la gestion non violente des conflits, à la médiation, à l'apprentissage de l'intelligence des règles...
Espoir, quand tu nous tiens !
Jean-François LAURENT
Jean-François LAURENT
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dans
médiation - gestion de la violence - autorité à l'éc
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