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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 11:09

                  Je n'ai pas attendu longtemps pour avoir un exemple suite à mon article d'hier sur les violences de l'école et l'ignorance éducative dans laquelle les professeurs dont je faisais partie il y a peu se situent devant une transgression de règles.

 

             Comme d'habitude, ce matin, je prends mon petit déjeuner en écoutant les informations radiophoniques. Et comme d'habitude, les médias nous informent d'un nouveau cas de violence envers un professeur.
               Je relate ce que j'ai compris de la situation : Une CPE (Conseillère Principale d'Education) croise dans un couloir d'un établissement scolaire alors qu'il ne devrait pas y être un élève de 15 ans. Celle-ci le menace d'exclusion temporaire. L'élève se sentant menacé se rue sur la CPE et la roue de coups. Conclusions : CPE traumatisée à l'hopital, élève traumatisé exclus définitivement, mis en examen.
_
             Bien sûr loin de mon propos de tolérer un quelconque acte de violence et de l'accepter. par contre, tenter de retrouver les rouages du paroxysme de la scène m'intéresse. L'élève a certainement tenté le "pas vu pas pris", réaction légitime suite à une éducation où si tu n'es pas pris, tu n'es pas puni. Puis, il s'est senti pris en "flagrant délit". Il est démasqué. La CPE l'attrape et réactive l'émotion de peur en le menaçant d'exclusion. Peur panique, il se débat, bat... et tombe dans le piège de la violence.

Qu'aurai pu faire la CPE ?

           - Interpeller le jeune en douceur et fermeté,
           - Lui demander quelle règle il a transgressé
         - Lui demander le sens de cette règle : En quoi elle le protège ? Pourquoi cette règle existe ?
          - Lui demander ce que peut ressentir la CPE quand elle voit un jeune ne pas respecter cet interdit
           - Lui demander comment il aurait pu faire autrement pour respecter cette règle.
            Lui demander s'il a d'autres choses à exprimer ou des questions à poser. La CPE peut profiter de la situation pour faire un petit point avec le jeune, surtout s'il s'agit d'un récidiviste.
            - Lui proposer une réparation en fonction des besoins de l'institution représentée par la CPE.
 
    Oui, cela prend du temps, mais cela vaut le temps passé. J'ai décrit là un processus de posture de médiation et de gestion non violente des conflits. Il s'agit principalement de faire appel à l'intelligence des personnes plutôt que la peur et la crainte, voire la soummission.

              Nous sortons des couples infernaux :
                   - Domination - soummission
                   -
Menace - Peur
                   - Autoritarisme - Défi,
                   - Transgression - Punition
                   - Hopital - Prison

Pour aller vers les duo :
                  -  Intelligence - Intelligence
                  - Rigueur - Bienveillance
                  - Règle - Protection, sens
                  - Parole - Compréhension
                  - Responsabilisation - Réparation

                                  


Victime, persécuteur, sauveur

         Une tendance actuelle de la société, certainement afin de redonner une place au corps professoral ou à l'école au sens large,  les acteurs adultes de l'Ecole devaient toujours se situer en victimes et les élèves en boureaux et ainsi de placer le législateur en sauveur. Nous connaissons très bien le risque de ces jeux psychologiques, c'est de changer les personnages de rôles : Les profs deviendront boureau du gouvernement ou des élèves. nous retrouverons les jeunes dans la rue contre le gouvernement....


       Il est temps de sortir de ces schémas trop dichotomiques
du type transgression / répression ou transgression / laxisme pour aller vers la prévention et l'apprentissage des interventions des cadres de l'Ecole lorsqu'il y a une transgression de règles.

    Si on avait appris à la CPE d'intervenir autrement devant la situation rencointrée, on n'aurait certainement pas eu les mêmes réactions de la part du jeune transgresseur. J'espère qu'il s'en sortira...    J'espère qu'elle s'en sortira....
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commentaires

I
<br /> Dans le cas que vous décrivez, ce que vous dites est clair et semble logique. mais est-ce toujours si simple? Vous dites qu'il faut sortir du cadre transgression/répression: quid d'un ado qui<br /> refuse tout dialogue, sans doute enfermé dans la violence depuis toujours, qui insulte ses professeurs, frappe et menace les autres collégiens et ce d'ailleurs, en toute impunité jusque là? Que<br /> peuvent faire les enseignants?<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Il s'agit d'une transformation profonde et qui prend du temps. Ce n'est pas magique... Responsabiliser le jeune, lui faire prendre conscience de "en quoi la règle le protège", lui permettre de<br /> réparer, ne pas sur ajouter de l'humiliation et de la culpabilité, voire de la vengence. Mais il ne faut surtout pas de laxisme, ni d'autoritarisme. Je milite pour la voie de la médiation et de<br /> l'éducation restaurative. Si vous avez une boîte mail privée, je vous envoie d'autres textes. Bien cordialement<br />         Jean-François<br /> <br /> <br />

Qui Suis- Je ?

  • : Le blog de Jean-François LAURENT
  • : Présentation de mes activités de formateur, conférencier et écrivain dans les domaines de l'éducation : enfants intellectuellement précoces, HPI, EIP, APIE, ainsi que tout ce qui touche l'autorité, la violence, le conflit, les règles dans les établissements scolaires. Me retrouver sur le site : www.jeanfrancoislaurent.com
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