Bonjour,
Désolé pour ce compte à rebours qui se voulait humoristique, comme si ma démission était le scoop du petit monde de l'education.
Je me suis réveillé ce matin en me rappelant le rêve que je venais de réaliser. C'était un beau rêve et je me sentais apaisé, souriant, reconnu. Le voici :
Hier matin, le facteur a apporté le courrier comme tous les jours et j'avais une lettre recommandée. Curieux et pressé, je signe et ouvre l'enveloppe émanant de l'Inspection académique du Rhône. Il s'agissait d'un arrêté de démission pour moi-même. mais je fus surpris, à l'intérieur, il y avait également une petite enveloppe cachetée au nom de Jean-François Laurent, personnel. Mon nom était écrit à la main. J'ouvre l'enveloppe et prend la carte personnelle de l'Inspecteur sur laquelle était écrit les mots suivants :
" Avec tous nos remerciements pour votre engagement au service des enfants, bonne chance à vous... "
Ce petit mot m'a fait chaud au coeur, j'étais heureux et renvoyais à mon tour un mot de remerciements.
Je me réveille
Ce n'était qu'un rêve : Dommage. Vous terminez votre trentième année consacrée aux jeunes, vous vous êtes engagé, vous avez passé des week-end, des soirées, des jours, vous vous êtes passionné, vous avez débattu, innové, tenté, pleuré, ri... et en retour, vous avez droit au suprème honneur d'une lettre recommandée avec accusé de réception et d'un arrêté administratif.
Où est la place de l'humain dans tout cela ?
Il aurait suffi qu'une des personnes de l'administratif, sans oser demander à l'Inspecteur lui-même, (quand même, il ne faut pas exagérer J-F) prépare une carte, un simple petit mot qui aurait pris 45 secondes et aurait tout changé : une reconnaissance. Mais c'était bien un rêve.
Pour les élèves, le système scolaire génère de la violence, pour les professeurs et le personnel éducatif en général, le système génère des violences, si nous remontons la cascade, je suppose que les Inspecteurs d'Académie ressentent cette même violence de la part "du système" pour ne pas révéler de leur humanité dans ce quotidien, dans leur mission et responsabilités.
Pour affirmer cela, je m'appuie également sur d'autres faits qui vont tous vers démontrer que la machine s'est déshumanisée alors que sa vocation profonde est l'éducation des jeunes de la nation. C'est un paradoxe.
Une nouvelle étape dans ma vie professionnelle avec cette démission de l'éducation Nationale pour me consacrer totalement à mes trois activités majeures et liées étroitement que sont l'écriture, la réalisation de conférences et de formations, l'écoute et le suivi de familles, de jeunes. En outre, je suis en train de réaliser un quatrième lien en m'occupant de deux personnes agées de plus de 80 ans. Je suis interpellé et vais réfléchir au lien entre la souffrance des anciens et celle des jeunes. Je pressens découvrir des passerelles intéressantes. Comme je ne crois pas au hasard dans la vie, pourquoi sont-ils là maintenant et pourquoi m'interpellent -ils donc autant ? Ce ne peut être un virage à 180° en tre les jeunes et les vieux. Je penche plus pour du lien, de l'humanité encore.
Suprême luxe, j'ai du temps et suis sorti de cette spirale infernale de la course au temps. J'ai du temps de réflexion, d'écriture, de répondre aux demandes de conférences et de formations avec beaucoup plus de liberté, du temps pour goûter la vie, les arbres...
J'ai du temps... pour rêver et vous le communiquer.
Bonne journée à tous
Jean-François LAURENT