Bonjour à tous,
Comme vous le savez déjà, je suis très intéressé par les émotions dans la vie de tous les jours, mais également dans l'acte d'apprentissage. un courant de pensée a voulu nous faire croire qu'on pouvait laisser ses émotions à l'entrée de la classe et que l'enfant pouvait ainsi mieux apprendre.
On sait bien maintenant que ce n'est pas possible et lorsque vous lisez cet ouvrage intitullé : "L'erreur de Descartes" de Damasio,
vous comprenez bien que sans émotions adaptées, une personne ne peut plus vivre avec les autres, que tous les choix et décisions prises au quotidien sont orientées, voire décidées par nos
émotions afin d'être édaptées à soi et le milieu dans lequel on évolue. damasion cite l'exemple de Phinéa Gage dont le cerveau émotionnel avait été lésé suite à un accident de travail et qui ne
put jamais s'insérer dans la société à la suite de cet accident alors que son intelligence cognitive était intacte. Ses choix au quotidien n'étaient plus bons parce que non décidés, guidés,
orientés par les émotions.
Alors, je viens à une observation qui revient de manière forte et lancinante. Je constate que certains enfants ont tendance à présenter des émotions qui ne sont pas justes ni adaptées à la situation. J'illustre mon propos :
" Pierre vient de mettre un coup de pied à Sébastien...
Alexandre ne travaille pas et l'enseignant le reprend...
Anaïs joue en cachette avec son téléphone portable alors qu'elle n'a pas le droit et se "fait prendre" ...
Et là, je constate que l'enfant, au lieu d'être penaud, triste, gêné ou avec des regrets... propose une attitude de colère, voire d'exaspération. Je me retrouve régulièrement à nommer à l'enfant ma surprise, ma colère et mon incompréhension de l'expression de son ressenti proposé en externe. Je m'entends leur dire : " Non, tu te trompes, ce n'est pas toi qui est en colère, c'est moi ! Toi, tu devrais être triste, ennuyé, gêné... Je devrais presque déjà lire une demande d'excuses sur tes lèvres ! Du regret ! ou au moins un "profil bas".
Régulièrement, nous nous retrouvons confrontés à ce type de situations et lorsque j'en parle dans mon entourage; cette attitude inadaptée à la situation, qui ne convient pas, est courante. Plusieurs éducateurs professionnels ou parents me l'ont confirmé.
La question est de savoir quel sens nous donnons à cette nouvelle attitude. D'où vient-elle ? Quelle part de responsabilité en avons-nous ? Et que pouvons-nous faire ?
Je vois deux raisons majeures à ces attitudes inapropriées. Si vous en voyez d'autres, je suis preneur que vous m'aidiez à approfondir le sujet (Ajoutez un commentaire) :
- La première est certainement que l'attitude de l'enfant est adaptée au milieu de la maison où il vit et est efficace. Il exerce un chantage émotionnel afin d'obtenir ce qu'il souhaite. Ses parents répondent favorablement et tombent dans lle piège affectif tendu qui donne plus de résultats pour l'enfant qu'une émotion juste. Le parent piégé se sent coupable de l'état de l'enfant qui obtient ce qu'il souhaitait. Alors, pourquoi se gêner. On peut appeler cela du terrorisme émotionnel. Il y a peu, j'ai pu observer un enfant sur la cour qui dit à sa mère alors qu'elle lui dit au revoir : "De toute manière, tu préfères XX à moi, tu ne m'aimes pas... Et il s'en va. Sa maman lui court après et lui réaffirme tout son amour en se sentant coupable. Le piège s'était refermé... Un autre que je gronde pour une bétise sur la cour et qui me regarde avec un air outré qu'on ose le reprendre....
La deuxième est la difficulté à prendre sa part de responsabilité dans une société où le modèle ambiant n'est pas
celui-ci. L'enfant a de plus en plus tendance à rejeter la faute sur l'autre. "Ce n'est pas moi ! Je n'ai rien fait ! Ce n'est pas de ma faute ! Il est vrai que le système mis en place en cas de
transgression de règles ne favorise pas la prise de responsabilité, mais plutôt la course à celui qui va le plus vite se plaindre et l'accusé (éventuellement à tort s'il court moins
vite). L'éducateur doit proposer une autre attitude à l'enfant et expliciter les enjeux de l'expression d'émotions authentiques. En cela, il met en place un
travail sur la base de la médiation scolaire et l'apprentissage à la gestion non violente des conflits et des transgressions de règles.
Attention, nous devons être tous vigilents à permettre à chaque jeune d'exprimer ses émotions légitimes en fonction des événements de la vie. derrière, nous avons le risque qu'une émotion non justifiée favorise une décision non juste pour la personne ou son entourage. Nous rentrerions à ce moment là dans des jeux psychologiques déjà fréquents (en référence à Eric Berne dans le champ de l'analyse transactionnelle).
Prendre en compte les émotions de l'apprenant, le guider dans ses ressentis, l'aider à mettre des mots, comprendre me paraît prioeitaire pour permettre aux jeunes de mieux être...
Jean-François LAURENT
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