Cette question du cadre est essentielle lorsque vous avez des enfants, mais encore plus quand ceux-ci ont un profil d'APIE ou de précoce, utilisez le terme que vous voulez. Et ce cadre est de plus en plus difficile à tenir alors qu'il est essentiel.
En conférence, je parle de la règle du "Non! non ! non ! oui !"
- "Papa, je peux allez jouer dehors ?
- Non !
- Papa, allez, je peux y aller ?
- Je t'ai dit non mon fils !
- Allez, c'est pas juste, tu m'interdis tout, tout le temps, je ne peux jamais rien faire ! Allez papa ?
- Bon d'accord, vas-y !"
Dans cet exemple quelque peu caricatural et raccourci puisque la négociation peut durer longtemps, le cadre est posé au départ, mais il n'est pas tenu ni respecté par l'enfant. Que va-t-il ressentir à ce moment là ? D'abord de la satisfaction d'avoir obtenu ce qu'il voulait, puis de la gêne, voire de l'angoisse. "Je peux obtenir tout ce que je veux, mais en cas de coup dure, que va-t-il se passer ? Qui va me protéger ? Et si je déborde, qui va me contenir ? Sur qui vais-je pouvoir m'appuyer si je vais mal ?
Toutes ces questions vont sournoisement et petit à petit renter dans les schémas de votre enfant qui risque de développer des angoisses, de l'agressivité ou un quelconque autre symptôme handicapant. Pour ma part, un enfant APIE qui n'a pas de cadre ou un cadre beaucoup trop fluctuant, flou et non contenant risque de développer des pathologies sévères.
Il est donc indispensable de tenir ce cadre. Mais je ne peux résister au besoin de préciser : un cadre "BIENVEILLANT". Nous pouvons utiliser pour cela des techniques issues de la médiation ou de la communication non violente.
Vous expliquez la règle, en quoi elle protège, vous parlez de vous avec des phrases "je", ce que vous ressentez, comment vous vivez la scène , le conflit, la résistance... Mais vous ne cédez pas. Si votre enfant ne comprend pas ou ne veut toujours pas comprendre malgré vos explications, vous pouvez avoir un dialogue de ce registre :
"Ecoute, je t'ai déjà refusé trois fois de sortir, je te l'ai expliqué, je comprends que pour toi ce soit dure ou pas ce que tu voulais, mais je ne changerai pas de position pour ce soir. Alors, je ne souhaite plus avoir cette demande pour ce soir. Pourquoi insistes-tu tant ? Qu'y a-t-il d'autre ? Il n'y a rien, alors je comprends que tu sois triste, mais je ne cèderai pas !"
- Si le jeune revient encore à la charge, vous stoppez pour ne pas tomber dans du jeu et la recherche d'obtenir gain de cause en culpabilisant le parents. Quand vous entendez des mots comme "toujours", "tout le temps", "jamais", attention, signal d'alerte. Ces mots définitifs peuvent cacher d'autres dessins. relevez-les avec humour, (si vous en avez l'énergie)
Ils sont beaux mes discours, mais quand vous rentrez d'une journée de travail fatigué (e), et que deux bambins viennent faire le siège de leurs envies et de votre lassitude, je comprends bien qu'on puisse céder...
Tenir le cadre des règles, des règles qui ont du sens et qui protègent, qui ne sont pas là parce que c'est comme ça! et les tenir pour rassurer l'enfant, lui permettre de grandir en sécurité affective. J'ai trop d'exemples d'enfants à l'école qui manquaient de cadre et à qui on laissait faire trop de choses. Certains peuvent finir par terroriser leur entourage. J'ai souvenir d'une petite voisine qui ne s'endormait qu'après avoir fait un tour de voiture, et cela jusqu'à trois ans, jusqu'à ce que son papa pose un cadre ferme et bienveillant, mais très ferme... et l'enfant s'est habituée à s'endormir dans son lit en deux jours. Elle était APIE et avait bien compris les failles de ses parents et en jouait, et en souffrait.
Belle journée à tous
Jean-François Laurent