Une visite de François Hollande vient enfin de relancer la question du redoublement en France.
Quelques chiffres : 4.2% des élèves redoublent chaque année.
13.2 % des élèves ont redoublé à l’entrée en sixième
37% des élèves ont redoublé au cours de leur parcours scolaire, 21 % en Allemagne, 13% moyenne OCDE
Finlande : 2.8%, Suède : 0%
Le taux de redoublement baisse régulièrement chaque année en France. Pour ou contre le redoublement ? Il me semble que la question n’est pas binaire et une loi ne changera rien. Il me semble que la réponse est à rechercher dans la pratique des professeurs. La majorité des enseignants propose le même apprentissage de la même manière, en même temps pour la même durée, avec la même évaluation à tous les enfants. Tant que nous serons dans cette logique, le redoublement aura sa place et se justifiera.
Imaginons des sauteurs en hauteur. Actuellement, trop souvent, on leur apprend tous à courir de la même manière, de prendre leur appel de la même manière, de franchir la barre … et que pour vérifier qu’ils ont bien progressé, on place la barre pour tous à 1.50m. On retrouvera ceux qui passent aisément cette hauteur et ceux qui feront tomber la barre. On peut imaginer que certains ont besoin de travailler davantage leur technique de franchissement, d’autres leur pied d’appel, d’autres la vitesse d’approche, etc. On pourrait estimer que la norme est à 1.25m (hauteur totalement fictive) et mesurer chacun selon ses progrès, prévoir des temps de consolidation, de perfectionnement, d’entraide, voire pour les meilleurs d’autres activités et valider le parcours de chacun. Cette compétence serait retravaillée l’année suivante jusqu’à validation définitive, cela sans redoubler une année. Les professeurs d’EPS l’ont bien compris et pratiquent déjà de cette manière.
Quand un enseignant intègrera que les élèves utilisent des stratégies différentes, arrivent avec des acquis différents, ont besoin d’une durée différente pour apprendre, ne peuvent pas apprendre la même chose en même temps, qu’ils n’auront pas les mêmes résultats au final… Quand on acceptera des parcours différenciés, davantage de coopération entre les jeunes apprenants, des évaluations différenciées, alors la question du redoublement ne se posera plus.
Une des réponses est donc à chercher dans la gestion de l’hétérogénéité. Plus une classe est hétérogène, en plaçant les jeunes dans des situations de coopération, en leur donnant confiance en eux, en proposant des situations complexes d’apprentissage (réaliser un dossier, une lettre, résoudre un problème plus ou moins complexe, une expérience scientifique… l’échec scolaire reculera et tout naturellement le redoublement n’aura plus lieu d’être.
Jean-François Laurent