Précoce, surdoué, douance, intellectuellement précoce, HPI, zèbres, APIE... Des sigles

       En fonction des lieux, des modes, mais aussi des avancées de la recherche ou de l'angle pour aborder ces personnes, nous utiliserons putôt tel mot de vocabulaire ou tel autre. Mais cette terminologie n'est pas neutre.

      Il me semble que le terme "surdoué" a été plus ou prou abandonné par une partie des spécialistes du sujet. Le reprennent encore facilement les médias qui exploitent le filon du "spectaculaire et du sensationnel".  le surdoué laisse à penser qu'il a quelque chose de plus contrairement à la personne handicapée qui a quelque chose de moins. Derrière ce terme se cache l'enfant premier de classe qui maîtrise des concepts théoriques qui font rêver le commun des mortels. On imagine ce petit savant à lunettes qui a réponse à tout et toujours plongé dans les livres, un Géo  Trouvetou ou professeur Tournesol. C'est un aspect plus ou moins développé de ce type de personnes.

      Le terme HPI : Haut Potentiel Intellectuel a un avantage non négligeable, c'est qu'il relève le côté "potentiel" de la personne qui ne demande qu'à être développé... ou pas en fonction de l'environnement proposé. Dans de mauvaises conditions, la personne HPI ne restera qu'un possible, qu'un espoir qui ne se démarquera pas par son intelligence cognitive au dessus de la moyenne.

      Par contre, HPI ne parle que d'intellectualité et ne relève pas l'émotionnel si important et qui conditionne l'avenir et le bonheur de la personne de ce profil. Les suisses notamment utilisent ce terme.

     Dans le terme "Enfant Intellectuellement précoce ou directement  Précoce" est mis en avant l'avance de la personne. Il fait des choses, il sait des choses avant les autres. On imagine plutôt une personne jeune ou en devenir. Or, quand vous avez 40 ans, peut-on encore parler de précocité ?  il ne sera pas précoce toute sa vie.

       Il me semble que c'est le terme le plus communément utilisé en France. "Mon enfant est précoce". tout le monde comprend et sous entend qu'il va plus vite que les autres, qu'il est en avance. est-ce toujours vrai sur tous les aspects de la personne ? ce terme est-i satisfaisant ? Pour moi, non !

     Zèbre, petit zèbre, concept de zébritude. Ce terme met en avant, me semble-t-il, le côté original, pas comme les autres, je reprendrai pour cela un passage de l'excellent blog :

               http://www.poule-pondeuse.fr/2010/05/10/un-zebre-a-la-maison-1/

"... Ce n’est pas un petit mot doux, c’est juste le nom donné par Jeanne Siaud-Facchin, psychologue, aux enfants surdoués. Ça y est le grand mot est lâché... Un zèbre est un animal difficile à domestiquer. Un zèbre ressemble beaucoup à son cousin le cheval, mais au milieu d’un troupeau équin, il se remarque pas mal avec son pyjama à rayures. Les clichés et les tabous sont légion en ce qui concerne les petits surdoués et l’ignorance et les remarques font souffrir parents et enfants. Chaque enfant est différent de son voisin et c’est pareil pour les zèbres dont aucun n’a exactement les mêmes rayures que son congénère. Pourtant, ils ont beaucoup de points communs ..."

    Ce terme me plait plus. mais cela ne me suffisait pas, il a fallu que j'invente mon propre terme pour parler de ces personnes. "A.P.I.E." Je m'invite modestement dans la communauté des "spécialistes" de la précocité, devrais-je dire de l'apitude ? Non, il ne faut pas abuser !

      APIE comme Atypique Personne dans l'Intelligence et l'Emotion. terme qui recouvre ces deux aspects de la personne, qu'elle soit jeune ou plus agée, les émotions et l'intelligence. En corrolaire, le premier terme est "atypique". Oui, ces personnes sont atypiques, différentes. Je les oppose en reprenant les termes d'Olivier Revol : Les enfants "standards". Ils ne sont pas plus, pas moins, mais différents sur certains points et conformes sur d'autres. Pour moi, ce terme d'APIE cache également la recherche du bonheur (Happy), seule quête valable et si complexe pour ce type de personnes.

      Il manquerait toutefois dans le terme créé l'aspect "loupe". J'entends par là que tout se qui est nommé pour ces jeunes, tout ce qui est bon pour eux l'est aussi pour les jeunes "standards", mais encore plus. Quand ces jeunes ont besoin de cadre, tous en ont besoin, mais les APIE encore plus. Ils n'aiment pas des règles qui n'ont pas de sens, mais cela leur est encore plus insupportable qu'aux autres jeunes de leur age. Ils sont sensibles comme tout le monde, mais eux sont hypersensibles. Voici pour moi l'effet loupe.

   Bataille de mots, précisions de concepts, vision du monde pour ces enfants si atypiques et en quête perpétuelle d'un bonheur inaccessible

                                         Jean-François LAURENT

En bonus un reportage sur le sujet de la précocité intellectuelle et émotionnelle :

     Un reportage visionné sur TF1 dans l'émission reportages :

linkhttp://videos.tf1.fr/reportages/les-enfants-du-bac-5857490.html

Comments

[theuric]

Chère Valérie,


Ce n'est pas un diagnostique, n'étant pas médecin, mais, plutôt, une réflexion d'ordre philosophique (parce que bâtie par et pour la pensée) en ce sens que celle-ci vient de ce que j'ai observé
la différence entre certains de mes actes se révélant inadaptés à l'immense majorité de mes contemporains, ceux-ci, ces actes, se montrant proche du syndrome de Peter Pan sans être réellement tel
avec, de plus, cette distanciation dans les expressions émotionnelles et le sentiment d'étrangeté de l'autre.


Ce n'est pas, comme l'autisme, d'ordre biologique, bien que j'ai pu laisser supputer, dans mon commentaire précédent, l'indéfinissable de ses considérations, mais, plutôt d'ordre psychologique,
lié à une sorte de néoténie mentale.


C'est, du moins est-ce ce que j'ai vécu, le sentiment, au regard du plus grand nombre des personnes que j'ai pu rencontrer, de ne pas être adulte à un age où ceux-là vivent, ou du moins donnent
le sentiment de vivre, dans la pleine maturité de leurs décisions.


C'est, au-delà de la comparaison, la sensation d'un in-aboutissement mental qui se doit d'être travaillé.


D'où le fort complexe d'infériorité que peuvent ressentir ceux décrit par notre hébergeur, qu'il nomme A.P.I.E., lié, souvent, à un désir profond de perfectionnement qui n'est pas, en réalité, un
perfectionnement de l'acte mais la recherche d'un perfectionnement de soi, parfois, voire souvent inconscient, dans une envie, un besoin d'humanisation.


Besoin d'humanisation troublé par la confrontation à l'autre, autre ne pouvant comprendre, en un quiproquo réciproque, les réactions de celui qui ne peut que se conduire qu'en toute marginalité
au risque, sinon, de perdre son essence d'être naturellement distinct.


Je faisais, adolescent, des expériences très surréalistes comme fermer les yeux et dire, au fur et à mesure, les images venant à mon esprit, comment voulez-vous que mes copains d'alors
comprennent cela?


Peut-être que votre élève se révélait autiste mais le doute que vous en exprimez, dans votre professionnalisme (qui ne serait pas si vous ne vous interrogiez pas), me fais penser, plutôt, à ce
que je décris ici.


Pour en revenir à la néoténie mentale, celle-ci vient de ce que, depuis l'enfance, la personne s'en retrouvant ne trouve pas la nourriture, pas seulement intellectuelle, mais, aussi d'éducation
et d'émotion, avec, également, par trop, de paradoxes, lui permettant une construction proportionnée avec sa biologie, oh combien, humaine.


Son choix est, à tout prendre, simple, soit il reconstruit, pas à pas, l'ensemble de ses configurations mentales, soit il tourne en rond dans une insatisfaction certaine.


Que faire face à un tel jeune?


Je me souviens de mon instituteur qui nous avait posé un problème dont la résolution ne dépendait pas du calcul, toujours exact quel que soit le cheminement de l'esprit, mais du raisonnement
juste, et, donc, naturellement justifié, j'en ai tiré, aujourd'hui, la leçon suivante, parfois l'efficacité de nos actes ne dépendent pas des actes, eux-mêmes, mais de leurs raisons.


Ainsi, cet instituteur m'a-t-il fourni un outil qui, bien des décennies plus tard, m'est d'une grande utilité.

[Valérie]

Tiens ...


J'ai eu un élève Autiste Asperger mais sans avoir connaissance de ce diagnostique médical, j'aurais pensé qu'il était tout simplement APIE...

[theuric]

Je rajouterais bien une notion suplémentaire, celle de syndrome pseudo-asperger.


Syndrome parce que cela amène des difficultés de vie.


Pseudo-asperger car, comme son nom l'indique, cela concerne une distanciation plus ou moins prononcée de ses émotions, ou, du moins, le réflexe de ne pas les exprimer doublé d'une incompréhension
plus ou moins prononcée de comprendre les lois sociales non écrites.


Je suis toujours surpris de découvrir que ce à quoi je donne nom, là, de ce qui m'intéressant en propre, se révèle réel et, ce, par l'exemple.


Il m'a été donné de rencontrer une personne se disant autiste quand je le pensais, simplement d'un haut potentiel de type pseudo-asperger.


Je ne sais pas encore si ce syndrome a une origine biologique, sociétale ou psychologique mais, à n'en pas douté, il ressemble à celui de Peter Pan sans en être homologue.


Sinon, j'approuve votre intérêt pour la catégorisation, ou, plus précisément, pour le classement et la recherche de la précision des termes.


Bien à vous.

[Valérie]

Aaaah !! Pertinente, Intelligente et Excellente dénomination !


Bravo !!!

[Jean-François LAURENT]

Merci beaucoup