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Sommaire
- Maman arrive pour m’inscrire à l’école : une vraie épreuve.
- Et si je t’expliquais comment nous détecter à l’Ecole ?
- Même pour un professeur avisé, c’est difficile
- Attention, je suis un caméléon, je brouille les pistes entre la classe et la maison
- Je peux être bizarre sur la cour de récréation ou avec les copains.
- Tu sais, les filles APIE sont différentes des garçons
- Comment s’y prendre avec des APIEs dans l’apprentissage ?
- Quelques trucs qui m’aideraient bien en classe
- L’enjeu fondamental de la confiance en soi pour un APIE
- Dans un conflit entre jeunes
- Dans un conflit entre un éducateur et un APIE
- La réaction des enseignants avec des APIEs
- Différencier sanctions et punitions
- La réaction des enseignants avec des élèves APIEs
- Des questions d’enseignants sur le parcours des APIEs
- Un projet de classe spécifique dans un établissement ordinaire pour des enfants « hors normes »
- Les textes de référence de l’Education Nationale en France
- Que se passe-t-il à l’étranger ?
- Conclusions
….
Pour synthétiser, un APIE aime le complexe d’abord et non le compliqué. Il sera plus motivé par un problème à résoudre qu’une série d’opérations toujours plus longues. Il sait
que s’il maîtrise une division euclidienne à 3 chiffres au diviseur, ce sera la même chose avec 5,6 ou 8 chiffres. Il préfère une énigme qu’un exercice d’application alors qu’il a déjà prouvé
qu’il comprenait. A terme, l’APIE a compris comment le professeur fonctionnait. Il se débrouille pour finir en même temps que tous les autres pour ne pas avoir d’exercices de plus qui ne le
passionnent pas… Et du coup favorisent la paresse et démotivent le jeune.
Un APIE a besoin de trouver du sens dans une situation, de motivations, sinon, il aura beaucoup de difficultés pour rentrer dans
la situation, pour travailler. Il ne travaille pas gratuitement. Il est pertinent de favoriser la pédagogie de projets : Ecrire pour, réaliser une expérience, valider une hypothèse, résoudre
un problème, faire la synthèse d’une visite, réaliser une affiche, organiser un atelier, un exposé, une exposition, un dialogue en anglais, une pièce de théâtre, …
Un APIE est « prof dépendant ». Il a besoin d’aimer le professeur pour travailler, mais également de se sentir aimé. S’il ne sent pas une complicité, une empathie entre
lui et son professeur, il aura des résultats qui pourront être considérés comme médiocres.
Un APIE a besoin de prendre conscience de ses démarches de pensée encore plus que les autres. Il veut savoir mais pas apprendre.
Il ne sait pas comment il a fait pour trouver comme s’il était fracassé par ses connaissances qui surgissent en lui à la vitesse de l’éclair. Mais refaire le chemin pour prendre conscience de
comment il s’y est pris pour apprendre, impossible. D’où des temps pris par le professeur pour réfléchir sur : « Comment tu peux t’y prendre pour trouver ? Comment as-tu
fait ? Avec quels outils ? Dans quelles situations tu pourras utiliser de nouveau cette technique ? Comment te relire ? Avec quels outils ?
Un APIE a besoin de confronter ses idées, avec ses pairs
Régulièrement, il peut être en difficultés dans sa relation aux autres ou à l’apprentissage. Il a raison, il sait… et a des difficultés à se décentrer, à accepter des erreurs, à intégrer d’autres
raisonnements que le sien. Le mettre en confrontations avec ses pairs par des travaux de groupes qui peuvent porter sur une production commune, des confrontations sur la manière de faire, sur des
relectures, des explications lui feront le plus grand bien
Un APIE travaille souvent dans l’urgence et peut être efficace. Il n’aime pas s’avancer. Quand le professeur lui
demande de travailler avec une semaine d’avance, cela lui est très difficile et peu efficace. Il me semble que cela ne sert à rien de l’obliger à s’avancer. En réalité, il mature dans sa tête le
contenu de ce qu’il doit faire, puis il le fait la veille, voire le matin même. Nous remarquons que lorsqu’il veut s’avancer afin de répondre à la demande externe provenant de l’Ecole, de ses
parents ou des deux, il sera peu efficace, son travail sera médiocre. Il est plus efficace dans l’urgence. Il est important de lui faire prendre conscience de cette particularité, des risques
inhérents à cette pratique (vulnérable à une panne de réveil, d’imprimante…), travail sans filets. Comme si l’APIE jouait avec le risque. Il nous semble important qu’il ne se sente pas coupable
de ne pas répondre à la demande externe en n’étant pas l’élève modèle que ses parents ou lui-même attendrait. Qu’il intègre sa manière de travailler dans l’urgence et le vive bien.
Un APIE préfère la coopération à la compétition. Il aime aider les autres, ceux qui ont plus de difficultés. Ça lui sera
profitable parce qu’il sera obligé de prendre conscience de sa manière de faire face à une situation. Cela renforcera également l’image qu’il a de lui-même et de ce fait, la confiance en lui.
Vous rencontrerez souvent un APIE s’occupant d’un enfant souffrant de handicap ou en grandes difficultés cognitives ou sociales.
S’il est placé en compétition pour être le premier de la classe, il a de grands risques de se saborder, soit pour ne pas faire de peine à un camarade qu’il sent fragile, soit par risque de ne pas
être premier et de se sentir blessé, soit de peur de se décevoir ou de décevoir ses parents ou ses professeurs. Il peut ainsi totalement se désinvestir dans une évaluation à logique compétitive.
Ne pas prendre le risque de l’injustice : « J’ai travaillé et n’ai pas les résultats escomptés, si je ne travaille pas et ai une mauvaise note, au moins ce n’est pas injuste, cela
me fait moins mal. »
Tout ce qui est valable pour un APIE est valable pour les autres.
Et là est l’essentiel et l’intérêt pour un établissement scolaire d’accueillir des enfants APIE ou d’avoir des projets spécifiques pour eux. Une amie directrice de collège me racontait qu’elle
avait mis en place des ateliers spécifiques pour des jeunes APIE, deux fois par semaine afin qu’ils se retrouvent entre eux sur des projets spécifiques. La révolte a grondé. Des collégiens
« standards » sont venus se plaindre :
- « Et nous ? »
Et ils avaient raison. La chef d’établissement et son équipe ont réfléchi également et mis en place des ateliers spécifiques également pour les autres enfants.
Quand un professeur pense sa pédagogie en fonction de ses élèves APIE, il est en train de penser à tous, parce que tous ont besoin de ses pratiques développées ci avant : défi cognitif,
motivations, conflits socio cognitifs, temps de métacognitions… et nous parlerons ci-après de la relation éducative, ô combien primordiale pour nos jeunes. J’avais un truc simple pour savoir si
la situation que je proposais était pertinente, j’observais mes APIE, s’ils étaient intéressés, je le voyais tout de suite et pouvais penser que la séquence pédagogique était pertinente. Par
contre, à l’inverse, la sanction était immédiate : agitation, humour, bruit, rêveries, autres activités…
Un APIE, au contraire d’un enfant standard qui sait accepter une situation, même si elle n’est pas parfaite, qui se pose moins de questions, qui s’adapte plus facilement, n’arrivera qu’avec
difficultés à mettre en place des stratégies efficaces pour apprendre.
L’APIE a besoin de l’excellence pédagogique :
- Des situations motivantes
- De la complexité
- Du sens
- Du conflit socio cognitif
- Des temps de prise de recul sur l’appren- tissage pour savoir comment il peut faire, a fait, comment il vérifie
- De l’intelligence relationnelle (cadre et douceur)
- De la coopération
- Des temps d’expression de ses émotions
…