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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 08:05
Jean-François Laurent : Le petit précoce trop sage

Le précoce trop sage !

Pierre est parfait en classe. Il répond aux questions quand il est autorisé. Ses réponses sont toujours exactes et précises. Ses cahiers sont parfaits, ses devoirs toujours réalisés. Il s’avance, apprend ses leçons jusqu’à les maîtriser au mot près. Si Pierre s’est trompé d’une virgule, il recommence et recommence. Il y a une rature sur son cahier de brouillon, il déchire la page et recommence. Ses parents, son enseignant ont beau lui expliquer que cela n’a pas d’importance, il ne l’accepte pas…. Il est toujours premier de classe, sauf au deuxième trimestre où il a terminé deuxième. Le monde s’est écroulé autour de lui. Il a beaucoup pleuré.

Olivia est une bonne copine, une très bonne. Elle accepte tout, devine tout, devance les demandes de ses camarades. Elle est serviable en classe, a toujours le sourire aux lèvres. A la maison, elle rend service à sa maman, ne conteste jamais une consigne, obéit à la moindre remarque ou demande. Sa chambre est tirée au cordeau. Ses livres sont alignés sur ses étagères, son lit fait. Elle s’habille comme sa maman le demande. Si tout le monde autour d’elle est triste, elle l’est également. Tout va toujours apparemment bien. Elle montre des signes comme quoi la vie est belle et qu’elle est heureuse…

Je rencontre régulièrement ce type de profil d’enfants précoces qui nous interrogent par leur manière de faire, aussi bien garçons que filles. Des enfants qui ne se donnent pas le droit à l’erreur, leur monde doit être parfait. Des enfants étonnants qui ne transgressent jamais une règle, s’excusent mille fois si jamais ils ont commis une maladresse, peuvent rester des heures sur une chaise pendant un repas avec le sourire aux lèvres. Ils doivent et veulent être parfaits dans tous les domaines : scolaire, social, familial, associatif, relationnel, émotionnel, kinesthésique, artistique…

Tout est maîtrisé, calculé, y compris l’expression de leurs émotions calculée en fonction de l’attente présumée de la personne en interaction avec eux. Ils pensent qu’il faut rire, ils le font, qu’il faut baisser les yeux ou sourire, ils le font. Ces enfants précoces sont dans un tel désir de maîtrise que l’ordre doit régner en maître absolu. Ils veulent même maîtriser les émotions, les réactions des personnes en interaction avec eux, l’univers qu’ils côtoient.

Un seul domaine leur échappe, leur domaine intérieur.

Que signifient ces « trop » ? Trop d’ordre, trop de bien faire, trop rangé, trop propre, trop sage, trop gentil, trop parfait ? »

Ils signifient certainement un déficit très important d’image de soi, de confiance en soi. L’enfant n’existe qu’à travers les yeux des gens qui gravitent autour de lui. Il se doit de répondre aux attentes supposées de l’autre afin d’être aimé. Sinon, il risque le rejet, le désamour, la blessure qu’il n’arrivera pas ou mal à gérer. Certains choisissent la rébellion, l’opposition, la scarification ou l’eczéma… Eux sont pris dans le mythe de l’enfant parfait qui, seulement s’il est parfait trouvera grâce auprès de ses parents, de ses amis, de ses enseignants. Trop sensible ou ne sachant pas maîtriser l’amplitude de ses émotions, il sera dans une quête éternelle de la « perfectude », ne pouvant supporter le moindre accroc au tableau qu’il s’est imaginé. Il a trop peur de perdre l’amour de ses parents, la considération de ses professeurs qui alimenteront une nouvelle fois l’amour de ses parents. N’y a-t-il derrière tout cela un déficit d’image de soi doublé d’une problématique d’abandon ? « Si je ne suis pas ce que mes parents attendent de moi, ils ne m’aimeront plus et m’abandonneront… »

La question fondamentale est de savoir comment sortir de ce schéma de l’enfant parfait. Un premier point est de tout faire pour donner ou redonner confiance en ces jeunes.

- Leur envoyer de nombreux signes de reconnaissance positifs, une meilleure connaissance d’eux-mêmes sur leurs qualités, les points à améliorer.

- Leur parler vrai et leur nommer votre inquiétude sur le fonctionnement du mythe de l’enfant parfait et ce qui se joue.

- Travailler d’un point de vue cognitif sur la différenciation entre être et faire.

- Utiliser l’humour et relever de manière légère les défauts ou manies du jeune qui veut être parfait. Relever le plus souvent possible dès que vous voyez poindre un symptôme de l’enfant parfait et vous le proposez à l’enfant en le faisant réfléchir en intériorisation sur ses véritables besoins.

- Consulter un thérapeute afin de mieux se connaître et réaliser cet indispensable voyage intérieur pour un APIE qui veut être heureux.

- Proposer des activités type théâtre, sophrologie, art thérapie…

Nous voyons là deux champs différents d’actions : un davantage tourné sur les signes de surface, le comportement. Mais il ne sert à rien de modifier le comportement sans modifier l’essence même du sujet. La personne risque de trouver, d’utiliser d’autres symptômes d’expression de sa souffrance intérieure. Le problème sera juste déplacé, mais toujours présent.

L’autre champ d’action sera tourné vers les profondeurs de la personne, la confiance qu’elle se donne, la valeur qu’elle s’octroie.

Tout ceci ne se fera pas en peu de temps. Les enseignants, parents, éducateurs, doivent le plus rapidement possible repérer ces signes de mal être de l’enfant parfait. Celui-ci ne va pas bien, lui nommer votre inquiétude et lui donner les moyens de sortir de cette « fausse identité ». Il ne s’en sortira pas tout seul ou alors au prix de sacrifices très importants et préjudiciables à son équilibre, à son bonheur. Il a besoin d’aide, aidons-les !

Jean-François Laurent

Jean-François Laurent : Le petit précoce trop sage
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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 08:17
Cette maudite confiance en soi par Jean-François Laurent

Nous demandons à nos professeurs de développer la confiance chez les enfants, mais eux-même n'ont pas confiance en eux. Alors, il faudrait que les inspecteurs développent la confiance chez les professeurs... mais eux-mêmes sont pris entre le marteau et l'enclume et n'ont pas confiance en eux.... Et nous pouvons remonter dans la structure de l'Education nationale, jusqu'à son ministre, c'est une cascade de manque de confiance.

Une des mission de notre travail de formateur est vraiment d'injecter de la confiance dans le système, à tous les échelons. Pourquoi l'EN a tant de difficultés à se réformer, à évoluer ? Si elle avait d'avantage conscience de ses forces, de ses ressources, elle hésiterait moins.

Pour nos précoces, juste ce point est encore plus crucial que pour les jeunes standards. Sans confiance en eux, les APIES ne pourront pas développer leur potentiel dans du positif et du "bon" pour eux. Alors, le risque de se refermer, de secouer la structure E.N. la cellule familiale ou leur propre corps avec une mise en danger... devient majeur !

Pratiquons le chaudoudou à profusion !

j'ai observé une classe de troisième il y a peu où la professeure, lancée dans le bain sans aucune formation pédagogique, sans avoir pu observer un nombre significatif de collègues, m'avait demandé de venir collaborer. Quand je lui ai renvoyé du positif (confiance et réalisme oblige), elle fut très surprise ! Elle se trouvait trop gentille alors qu'elle portait un beau regard sur chaque jeune dont certains avaient bien trente centimètres de plus qu'elle. Elle ne se trouvait pas assez sévère alors que les jeunes travaillaient. Elle ne se trouvait pas tout....

Zut, les jeunes bossaient, le climat était doux et propice aux apprentissages. Oui, la pédagogie était un peu trop frontale ! Oui, les exercices pouvaient favoriser l'interaction entre les jeunes, voire plus du conflit socio cognitif ! mais la classe bossait et les jeunes étaient sans cesse encouragés. Nous pourrions choquer, mais nous sentions de l'Amour entre eux,du respect et cela dans les deux sens.

Nous avons dû revoir la représentation qu'avait la jeune professeure de la bonne classe : professeur sévère, jeunes en silence qui exécutent et copient ou recopient du tableau...

Oui, la classe peut faire un peu de bruit, les élèves peuvent échanger entre eux !

Oui, on peut être détendu en classe, même au collège !

Oui, le professeur n'est pas obligé de crier et d'être contre ses élèves !

Oui, les cours peuvent être intéressants !

Allez ! CONFIANCE, on va y arriver !

Jean-François LAURENT

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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 20:27
Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité

Bonjour,

Je viens de passer dix jours en Martinique. Quel accueil de nos amis Antillais ! Invités par l'ANPEIP Caraïbes qui m'a mis en lien avec le Rectorat de Fort de France, nous avons abordé avec différents groupes : chefs d'établissements premier et second degré, CPE, médecins scolaires, infirmières scolaires, professeurs la problématique des enfants précoces.

Des ateliers avec des jeunes ont été mis en place. Une anecdote,la première question que m'a posée un ado : "C'est normal qu'un précoce pense qu'il est nul ?" Nous devons vraiment tous travailler à leur redonner confiance. Olivier Revol parle de résilience et il a raison. Tous les adultes autour de ces jeunes : profs, parents, éducateurs, nous devons être des tuteurs de résilience si nous voulons qu'ils exploitent leur potentiel ou que celui-ci se développe. Quand je dis que nous devons être des frotteurs de lampe afin que le génie sorte de la lampe (référence à Aladin).

Leur donner confiance, notre mission première !

Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité
Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité
Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité
Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité
Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité
Jean-François Laurent en Martinique sur la précocité
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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 09:24
Nouveau né HPI avec Jean-François Laurent : exprimer ses émotions

J'ai la chance d'être grand-père d'un petit précoce de 4 mois maintenant et de le voir grandir presque au quotidien. Il m'interpelle beaucoup et tant mieux. Il m'aide à construire ma pensée et à réfléchir à nos modèles sur le cadre bienveillant, l'expression des émotions, la confiance en soi. Il n'y a pas d'age pour commencer à donner confiance en son enfant, précoce ou pas d'ailleurs et ce que je développe est valable pour tous mais indispensable pour des petits précoces qui ont encore plus de mal à se construire en harmonie. Tous les enfants sont fragiles, certains petits précoces encore plus...

Quels sont les signes qui me font penser que ce petit est précoce ?

- Son papa et sa maman sont précoces.

- Ce petit "scanne" avec son regard tout ce qui se passe autour de lui, un regard d'un forte intensité, si particulier.

C'est "light", mais suffisant pour en prendre encore plus soin. Et s'il se révélait par test que cet enfant est "standard", tant mieux et tant pis !

La tétine

Quel enfant n'a pas sa "tétine, sa sucette, son bouchon, sa tutue, sa toutouille...". Souvent, on lui met pour dormir, quand il pleure, quand il a fini de manger et qu'il réclame, quand on veut l'endormir... bref, il est bien rare d'observer les lèvres d'un nourrisson, souvent cachées par la sucette. il y a les pour, les contre, les indifférents...

Trop de tétine tue la tétine !

Je vois un inconvénient à l'usage abusif de la sucette : la sucette bouchon ! "Tais-toi et suce !" Il me semble important d'accueillir les pleurs d'un enfant, ses mécontentements, ses manques, ses besoins? la sucette est trop souvent utilisée comme une manière de faire taire l'enfant, en pensant que puisqu'il ne pleure plus, nlous avons répondu à son besoin. Non ! Nous l'avons fait taire. nous avons détourné son besoin vers un autre besoin externe : "Arrête de pleurer ! "Comme si un enfant qui ne pleure pas est en bonne santé affective. Faire cesser les pleurs n'est pas un objectif prioritaire en soi, mais si nous comprenons les besoins du nourrisson, celui-ci cessera certainement de pleurer.

Votre bébé pleure, tentez en premier de comprendre ce qu'il veut exprimer et proposez des solutions. Soyez son interprète. Il a faim, froid, chaud, besoin d'un calin, mal au ventre, aux dents, fatigué, besoin de son papa, de sa maman, d'être pris dans les bras ? Vous pouvez répondre ou vous jugez que c'est bien pour lui, vous répondez au besoin.Vous pensez que ce n'est pas souhaitable de répondre immédiatement à un besoin qui mettrait sa santé, son équilibre physique, affectif; vous ne pouvez pas le prendre dans vos bras tout de suite, maman est absente...vous lui expliquez avec des mots la situation. Il comprendra très bien. Et cela dès la naissance, je dirai même dès la conception.

Et vous avez le droit de vous trompez : "Peut-être que tu as froid... Je vais vérifier que tu n'as pas trop chaud, trop froid... Non, mon chéri, tu viens de terminer ton biberon, je sais que tu aimes ce moment, mais je pense que tu as assez mangé.... Ah, ce n'est pas ça, je regarde autre chose...Attends mon bébé, je comprends que tu veuilles que je te prennes, mais là je ne peux pas, je me dépêche et je te prends... Tu vois bébé, je ne comprends pas, je suis désolé... "

La sucette peut être une réponse,mais pas la réponse unique. Il peut avoir envie simplement de téter et vous lui donnez la sucette. Mais elle n'est pas utilisée comme un bouchon qui l'empêcherait d'exprimer ses émotions et vous de les accueillir. Dès tout petit,on lui apprend ainsi à nommer ses besoins, à ne garder en lui ses émotions qu'il va stocker et qui ressortiront de manière décalée, inappropriée ou exagérée. Un nourrisson n'est pas capricieux, il le devient. il a besoin de sécurité affective, d'écoute et d'accueil de ses émotions.

Tout ce qui est développé fonctionne pour tous les enfants, précoce ou pas, mais nos enfants précoces en ont encore plus besoin au risque de perte de confiance en soi.

Longue et belle route à tous !

Jean-François Laurent

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 12:04

J’ai l’immense chance de voir grandir un de mes petits-fils, d’observer son quotidien, son comportement, celui de ses parents, mes ressentis, nos ressentis. Je suis aux premières loges, observateur et acteur de l’éducation de ce petit. Sa maman a été formée, voire plus élevée dans un cadre d’éducation non violente, d’expression des émotions, de place des ressentis… Puis comme responsable éducatif dans un collège, elle a peaufiné sa formation en vivant le quotidien des adolescents et tout ceci avant de devenir jeune maman de 24 ans. Le papa se situe clairement dans cette mouvance alors que ce n’est ni son éducation, ni son métier (chef cuisinier). Il a cette prédisposition naturelle au cadre bienveillant.

Tristan a déjà trois mois et nous le voyons grandir au quotidien pendant les vacances que nous passons ensemble.

Comment s’exprime ce nourrisson ?

Je suis interpellé par la place de l’expression des émotions dans la première année de vie. Quels sont ses modes d’expression, les outils en sa possession, les possibles ? Tristan pleure, sourit depuis l’âge de deux mois environ, s’agite, fixe du regard ou fuit le regard, commence à émettre des sons, des gazouillis, sursaute, est apaisé, se câline, s’endort… Il n’a pas encore la parole. Qu’a-t-il comme outils à sa disposition ? Je souhaiterais étudier la fonction du pleur chez le nourrisson qui, il me semble, oriente l’expression de la personne durablement. Pourquoi faut-il toujours que bébé sourit ? Pourquoi l’adulte recherche quasi systématiquement à faire cesser les pleurs ?

T’es vilain quand tu pleures !

Chercher à tout prix à faire cesser les pleurs, c’est chercher à faire cesser un pan de la communication chez l’enfant, c’est le risque de lui inculquer qu’il ne doit pas exprimer une émotion ressentie, que toute émotion n’est pas bonne à exprimer. Chercher à faire cesser les pleurs de l’enfant en lui disant : « Tais-toi ! T’es vilain quand tu pleures, t’es pas beau, j’ t’aime plus… »

C’est mal d’exprimer certaines émotions. Et c’est ainsi que sans le vouloir, nous contribuons à l’émergence de générations entières d’enfants qui ne savent plus comment faire, comment dire, qui tapent, crient, se trompent d’émotions, sont renfermées, inhibées, mal dans leur peau…

Tristan n’a que peu d’outils à sa disposition pour exprimer ses ressentis, son monde intérieur. Il ne possède pas la parole. Il possède l’expression du visage : yeux, bouche, voix, sourire, pleurs, cris, larmes ; la posture générale du corps, la gestuelle des bras, la tonicité, les mouvements. Mais il ne possède pas la voix, cette outil fabuleux qui permet de raconter ses ressentis.

Et là se situe l’enjeu !

Etre des interprètes

Comment recueillir, comprendre, analyser, interpréter ce que nous montre le nourrisson ?

La maman puis le papa et l’entourage proche doivent être des interprètes du bébé. Lui demander ou tout faire pour qu’il arrête de pleurer sans tenter d’interpréter l’expression de pleur de l’enfant, c’est lui demander de se taire, de ne pas exprimer ses ressentis, de les garder en lui. Et nous ferons des générations de « taiseux », de rebelles ou autres comportements inadaptés devant un ressenti intérieur.

Marie-Restitude, sa maman, quand il pleure ou exprime une émotion, cherche avant tout à comprendre ce qu’il veut exprimer.

– « Que dirais-tu si tu avais la parole ? » pense-t-elle et elle agit alors pour tenter d’interpréter ses pleurs avec la parole et les gestes.

- « Qu’as-tu mon bébé ? Que veux-tu me dire ? Qu’est-ce qu’il y a qui ne va pas ?

Et la maman va poser une série de questions à l’enfant pour tenter de deviner sa demande qui peut être de différents registres. Il peut exprimer qu’il a faim, froid, chaud, peur, qu’il est fatigué, triste, qu’il a envie des bras de sa maman, de son papa, d’un câlin, qu’il a mal au ventre, aux dents, qu’il est mouillé, que sa couche est mal mise…

Progressivement, sa maman va apprendre à analyser l’expression de ses pleurs qui est loin d’être uniforme. En fonction des différentes postures, réponses aux propositions en acte de la maman qui va tenter de le coucher, de lui donner le biberon ou le sein, le câliner, celle-ci va progressivement mieux lire, mieux comprendre ce qu’exprime son bébé et répondre de mieux en mieux à ses besoins. Je la vois faire et observer son bébé qui pleure. Avec de l’attention et l’habitude, on peut remarquer que tous les pleurs n’ont pas la même forme, qu’ils ne sont pas accompagnés des mêmes signes. Ce peut être une plainte, une remontrance, une manifestation, une demande… Et là, tout l’art des parents entre en jeu pour décoder.

Elle mettra en paroles ce qu’elle fait :

- « Peut-être que tu as faim mon bébé, je vais te préparer un biberon ! »

Ou – « Je vois que tu es fatigué, je vais aller te coucher pour que tu te reposes ! »

Ou – « Qu’est-ce que tu as mon bébé ? Je ne comprends pas. Peut-être que tu as mal au ventre, je vais te masser… Oh, j’ai oublié de te changer, viens, nous allons dans ta chambre et regarder ce qu’il se passe. »

Mais parfois, rien ne fonctionne :

- « Je ne comprends pas mon bébé, je ne trouve pas ce qui ne va pas. Je suis désolée. Alors, je te prends dans mes bras. »

Si les pleurs du bébé, la fatigue de la maman, l’incompréhension, l’agacement au vu de sa propre impuissance à répondre aux besoins de son nourrisson, que les relais proches : papa, grands-parents, famille n’y arrivent pas non plus, Maman va parler d’elle, de ses limites.

- « Je n’y arrive plus bébé, tu n’y es pour rien, c’est la situation qui est difficile pour moi, je ne peux plus, je suis fatiguée. Tu vois, je vais te poser là cinq minutes et je vais souffler. Puis je reviens mon petit cœur ! Ne t’inquiète pas, c’est maman qui a besoin de cela. Toi, tu es toujours le plus beau et gentil bébé du Monde… »

La maman s’écarte du bébé, reprend de l’énergie. Elle n’a pas crié, a parlé d’elle et non sur le bébé qui est coupable de rien puis elle revient vers son bébé. Souvent, j’ai pu observer que celui-ci est plus calme, qu’il se sent bien ou mieux, en tout cas, il n’a pas été culpabilisé parce qu’il pleurait.

Nommer et verbaliser ce que l’adulte fait, ressent

Marie-Restitude et Laurent, le papa, nomment beaucoup ce qu’ils font avec leur bébé, ce qu’ils comprennent, avec une attitude toujours douce, mais qui n’empêche pas un cadre d’autorité. Quand ils le changent, ils lui racontent ce qu’ils font, quand le bébé prend son bain, ils lui parlent avec douceur. Ils racontent également leurs émotions, leur fierté d’être parents de ce bébé. Quand il est temps de dormir, le bébé va dormir et à heures régulières. Son espace est protégé, son rythme est privilégié. Le bébé est respecté dans son univers géographique, sonore et environnemental.

Quand bébé est entendu dans ses pleurs, quand les parents reçoivent ces pleurs comme un mode d’expression et non comme un caprice ou la volonté de nuire, d’obtenir quelque chose à tout prix. Quand les parents ne cherchent pas à faire taire le nourrisson avec des phrases du type : « Arrête de pleurer ! T’es vilain quand tu pleures, t’es pas beau… ou quand les parents singent l’enfant en l’imitant dans ses pleurs, quand, quand, quand…

Alors bébé arrête de souvent de pleurer. Il a été entendu ! Il n’a pas besoin de redoubler de cris et larmes pour se faire comprendre. Il aura de grandes chances de ne pas développer des attitudes qu’on appelle « caprices » pour obtenir quelque chose. Il pourra mettre plus facilement, quand sa maturité lui permettra, des mots sur ses ressentis, maladroits au début, imprécis éventuellement, mais il aura des clés pour se faire comprendre. Ses parents lui auront montré la voie à suivre très tôt dans son éducation. Ce qui est très intéressant, c’est l’environnement familial et amical qui suivra le même chemin. Les parents montrent le chemin à emprunter pour une communication bienveillante.

Plus vous allez interdire au bébé de pleurer, plus il s’exprimera de manière forte, plus il augmentera la forme de communication afin qu’on le comprenne ou l’entende.

Au plus juste des émotions de l’enfant

En conférence, j’ai été interpellé par une maman qui avait un bébé dans les bras : « A quel moment doit-on commencer cette forme d’éducation ? Ma réponse fut :

« - Dès la conception, madame, dès la conception. Il n’y a pas d’âge pour débuter. Plus c’est tôt dans la vie de l’enfant, mieux c’est ! Plus vous lui apprenez à écouter ses émotions, plus vous apprenez à décoder les signes physiologiques qu’il met à votre disposition, mieux il grandira en confiance et authenticité. Parlez à votre bébé dans votre ventre. »

Beaucoup de personnes voient le bébé de Marie-Restitude et Laurent et sont surpris de son calme. Et moi, je suis surpris du calme des parents, de leur belle énergie à toujours rechercher, traduire, interpréter les expressions de leur enfant. Ce n’est pas un hasard si ce bébé est plutôt calme. Ce qui ne l’empêche pas de pleurer, s’agiter, ne pas se faire comprendre.

Ce qui ne veut surtout pas dire qu’ils accèdent à tous les désirs de l’enfant. J’ai entendu le papa dire d’un ton ferme et doux : « Ecoute bébé, là, c’est moi qui décide et c’est comme cela ! » Comment être ferme et doux ? Il n’y a pas de réponse universelle, cela dépend de chaque individu et des mots, de l’attitude, de la puissance vocale, de la situation. Contenir et aimer, ne jamais culpabiliser l’enfant intentionnellement, parler de soi et non sur l’autre (le bébé), des moyens pour qu’il grandisse en meilleure harmonie.

Nous éviterons également ce qu’on appelle en Analyse Transactionnelle, les trocs d’émotions ; c’est à dire prendre ou utiliser une émotion pour une autre : ressentir de la tristesse alors que c’est de la colère, la tristesse alors qu’il s’agirait de peur… Etre au plus juste avec ses émotions.

Les chaudoudoux

N’oublions jamais, mais là, c’est plus usuel de nourrir cet enfant de chaudoudoux, de signes de reconnaissance positifs. N’hésitons pas à lui dire qu’on l’aime, que c’est le plus beau bébé de la terre, qu’il est gentil, qu’on est fier de lui ; il n’y en a jamais trop …

L’éducation bienveillante dès la naissance prend forme sous mes yeux de grand-père en observant ces jeunes parents, ce petit nourrisson, leur vie, leur mode de communication, leur complémentarité. Tout devient joie et amour, mais quelle énergie pour élever cet enfant ! Il fait bon être jeune !

Des livres pour vous aider

Moi, je suis fan d’Isabelle Filliozat. Je vous conseille donc :

- Au cœur des émotions de l’enfant

- L’intelligence du cœur

Et bien sûr : Le conte chaud et doux des chaudoudoux de Claude Steiner

Jean-François Laurent

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 07:11
L'avantage d'être précoce avec Jean-François Laurent

Nous traitons souvent, voire trop souvent de la précocité en termes d'inconvénients et de galères à vivre, qu'on soit parents, enfants, profs ou précoces. On peut oublier parfois l'autre facette de la précocité : fulgurance, empathie, sensibilité, générosité...

Lors de l'animation d'un groupe de paroles d'adolescents précoces de 15 à 17 ans, j'ai vécu vraiment un beau moment d'amour et de partage et j'ai mesuré qu'être précoce (APIE), c'est aussi posséder ces très très belles qualités !

Groupe d'une dizaine d'ados dont 80 % de garçons Les jeunes se présentent chacun leur tour : Identité, place dans la fratrie, lycée... Rien de plus classique.Et arrive le tour de Tom (prénom d'emprunt). Il reste fermé, ne prononce pas un mot, ne veut même pas dire son prénom, aucun signe de tête ou d’acquiescement. Rien, il me fixe quand je lui parle et c'est tout. Il repart à réaliser des origamis. Je lui signifie que je l'appellerai : "jeune homme" quand je m'adresserai à lui. Le tour de table continue. Puis le débat est lancé à partir des avantages d'être précoce, etc...

Tom reste silencieux, réalise de magnifiques origamis. mais il écoute. je le vois par quelques signes corporels qui ne trompent pas. Au terme d'une bonne heure de débat. Je propose une pause. Trois ou quatre garçons se lancent dans un pendu au tableau. Tom regarde et devine rapidement un mot que les autres n'ont pas. Il prend le crayon feutre et complète le mot qui se révèle être la bonne réponse. Et à son tour de faire deviner un mot tout en répondant par gestes ou signes de la tête. L'atelier reprend, les regards sont plus complices et les garçons commentent leur partie. Le visage de Tom s'est déjà éclairé. Une des filles lu propose d'utiliser le langage des signes qu'elle connaît. Et la voici qui débute une discussion sans retour qui fait éclater de rire l'ensemble du groupe, y compris Tom qui ne savait pas "signer". Tom peut répondre en écrivant sur le tableau un mot, une phrase.

Il se met à répondre par signe de la tête, toujours sans aucune parole. Il n'est pas stigmatise. Chacun le respecte dans son mode de communication et surtout qui il est. En fin de séance, sous les sollicitations des garçons qui le branchent très fortement, mais tout en douceur et humour, il ose écrire son prénom sur le tableau. Il m'offre un scarabée en origami ainsi qu'une magnifique rose à une des responsables associatifs du groupe.

Le groupe, les membres du groupe l'ont accepté tel qu'il était, sans jugement, avec une grande tolérance. Avec beaucoup de finesse et de tact, ils ont su rentrer en lien avec lui très progressivement. Il n'y eu aucune moquerie, aucune parole déplacée, bien au contraire. Ils ont tout de suite mesuré la souffrance de ce jeune et l'ont laissé participer à sa manière.

Beaucoup d'intelligence, d'empathie, d'humour, d'amour, de gentillesse, d'humanité, de sensibilité... des qualités qu'on retrouve souvent chez les précoces. Qualités qu'on oublie parfois au détriment de la complexité, des difficultés.

Je ne prétends pas que ce groupe aura révolutionné la vie de Tom. par contre, il aura un beau moment de fraternité avec des pairs. Il aura permis à chaque membre du groupe de mettre en avant ces qualités. Si je devais garder un moment plus fort que les autres sur ces ateliers, c'est ce moment-là, ce groupe-là et cet enfant-là.

Jean-François Laurent

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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 11:53
Conférence pour des professeurs débutants avec Jean-François Laurent

Sur demande d'un collège, Jean-François Laurent interviendra auprès des professeurs jeunes dans le métier qui rencontrent régulièrement des enfants précoces dans leur classe et qui se sentent bien démunis.

Pour plus de renseignements, contactez-le sur son site : http://jeanfrancoislaurent.com

Conférence pour des professeurs débutants avec Jean-François Laurent
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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 16:10

Bonjour,

La reprise a eu lieu. Belle reprise à tous !

Quoi de nouveau pour mes activités cette année ?

Pour le secteur livres, nous allons passer progressivement au e-book sur le site et ne conserver les ouvrages papiers que pour les conférences. A des prix plus modiques, ces livres seront accessibles à un plus grand nombre.

 

   - Je travaille sur des conférences encore plus interactives avec une participation plus grande des personnes présentes.

    - Les sujets proposées sont de plus en plus centrés sur la gestion des émotions, le cadre à poser avec des enfants et adolescents, la confiance en soi, que ce soit avec des enfants standards ou des enfants à haut potentiel.

    - D'autres thèmes autour de l'autorité, la gestion des conflits, la place de la règle, le règlement intérieur dans des établissements scolaires.

   - A titre personnel, je poursuis mes recherches sur le lien entre la précocité intellectuelle et les "pervers narcissiques".

    -Avec mes conférences, je propose également de ateliers pour les jeunes de 6 à adolescents ainsi que des "café-rencontres" pour les parents.

    Pour plus de renseignements, vous pouver me  contacez par mail à : http://jflaurent2b@gmail.com 

ou par téléphone au 06.11.70.32.24.

    Bien cordialement à tous

                 Jean-François Laurent

Belle reprise à tous avec Jean-François Laurent
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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 16:41
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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 12:01
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Qui Suis- Je ?

  • : Le blog de Jean-François LAURENT
  • : Présentation de mes activités de formateur, conférencier et écrivain dans les domaines de l'éducation : enfants intellectuellement précoces, HPI, EIP, APIE, ainsi que tout ce qui touche l'autorité, la violence, le conflit, les règles dans les établissements scolaires. Me retrouver sur le site : www.jeanfrancoislaurent.com
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