Je ne peux pas m’empêcher de chercher le pourquoi de cette si
grande sensibilité chez les APIEs. Est-ce leur intelligence qui en fait des êtres hyper émotionnels ? Est-ce parce qu’ils sont hyper émotifs qu’ils vont si vite dans leur tête ? En
gros, est-ce la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule ? Question …. Et je tourne autour de puis longtemps.
Par chance, mercredi, lors d’un très beau colloque organisé à Meaux en région parisienne, j’ai rencontré et discuté avec un chef de pôle de psychiatrie : Vincent Mahé qui a une approche bien différente et si intéressante par les neuro sciences et l’étude du cerveau.
Il expliquait des différences physiologiques entre le cerveau d’un APIE et le cerveau d’une personne standard : taux de myélinisation, matière grise… Je n’ose aller plus loin dans les détails, étant trop néophyte et inculte en la matière.
Il me semble et je vous présente mes hypothèses, qu’il peut y avoir déjà deux aspects à prendre en compte pour expliquer pourquoi l’hyper sensibilité est une caractéristiques des APIEs, au-delà d’un QI supérieur à 130. Le premier aspect à prendre en compte :
D’un point de vue physiologique, le cerveau ayant des caractéristiques particulières quand il s’agit d’intelligence cognitive, qui ne s’arrête pas à la porte de la zone des émotions qui est également concernée par une plus grande vitesse de la circulation des informations, une plus grande densité des messages qui provoquent une masse plus importante des messages sensitifs et émotionnels à traiter, une plus grande quantité d’informations sur leur interprétation, d’où une hyper sensibilité.
D’un point de vue psychologique, la personne APIE ayant plus d’informations à traiter au quotidien, prend en compte de nombreux paramètres dans une relation, dans l’analyse d’une situation, d’une rencontre, d’un conflit, d’un événement douloureux de vie. Cette masse d’informations y compris contradictoires ne lui permet pas de voir clair dans l’analyse, de mesurer les risques, les chances. L’APIE a mesuré très jeune que tout est vanité, éphémère. A force de vivre les événements d’un point de vue émotionnel de manière « prismique », sur puissante, elle se sent submergée par la difficulté de la tâche, la gravité des événements, l’indicateur émotionnel grimpe en flèche et l’équation
émotions x densité du message = hyper sensibilité
La personne perd confiance en ses facultés d’analyse, perd confiance en elle, développe une image très dévalorisée d’elle et en conséquence des comportements de type : inhibition, agressivité sur soi ou les autres, difficultés relationnelles, sur activité, isolement, …
Suite au prochain numéro.
Bon week-end
Jean-François
Laurent
Jean-François LAURENT sera en conférence demain soir à Meyzieu, près de Lyon pour une conférence sur la confiance à développer chez nos enfants que ce soit à l'école comme à la maison.
Enfin !
J'ai enfin renouvelé mon site web que vous trouvez à l'adresse suivante :
www.jeanfrancoislaurent.com
dont voici un lien direct en cliquant ci-après : link
Vous trouverez :
- Des détails sur les formations et conférences que je propose,
- Une boutique pour l'achat de livres en ligne,
- Des liens sur chaque page pour ce blog qui complète le site (ou inversement).
Il va encore évoluer en fonction de vos remarques et suggestions.
Bien amicalement à tous
Jean-François LAURENT
Je suis régulièrement interpellé par des parents d'enfants APIE (précoces, hauts potentiels...) qui souffrent à l'école. En deux jours, je reçois deux mails poignants d'enfants en souffrance.
Quel est leur profil ?
Souvent ce sont des garçons. Comme le dit très bien Olivier Revol, les garçons ont une précocité extravertie tournée vers les autres et l'extérieur alors que les filles ont une précocité introvertie, tournée sur elle-même.
Ils sont hypersensibles explosifs. Ils se confrontent au cadre, désobéissent, bougent sans arrêt, ressentent souvent de l'injustice et ne contrôlent pas leurs réactions. Ils peuvent ainsi faire beaucoup de bruit, se saboter en classe et se faire reprendre en "flot continu"
Ils se sentent mal aimés que ce soient par leurs camarades ou par les professeurs. Souvent, ils ont une figure d'attachement dans l'école, un adulte qu'ils adorent et sur lequel ils ne tarrissent pas d'éloges. Ils sont souvent maladroits dans leur approche des camarades, ne savent pas faire, sont en décalage, rentrent en contact en force et suscitent moqueries, mise à l'écart, au risque du bouc émissaire.
Des aimants à punitions : Ils suscitent souvent la colère des encadrants, des professeurs, surveillants qui n'hésitent pas à les punir souvent puisque souvent ils transgressent les règles de façon assez grossière (opposé à caché ou sournois). Ils ne se cachent pas pour rire trop fort, renverser un camarade, un verre, casser un objet... et de ce fait, quand ce n'est pas eux, cela tombe sur eux.
Souvent accusés : parfois coupables, parfois pas, mais leur réputation les suit ou les précède. "C'est encore XXX" Ils excèdent leurs professeurs qui ensuite ne peuvent plus poser un regard serain sur le jeune APIE.
Des réunions en cascade : Les parents sont régulièrement convoqués à l'école pour entendre une litanie de plaintes sur le comportement de leur rejeton. Des réunions où personne n'a la solution. Normal, ces réunions devraient être faites pour poser la problématique de l'enfant et non rechercher des solutions. Formulé autrement, il faut aller chercher le pourquoi de ces symptômes plutôt que comment les contenir. Aller à la cause plutôt qu'aux effets.
Et pourtant de bons résultats : C'est ce qui est le pire pour les professeurs et on peut les comprendre. Alors que l'enfant donne toutes les apparences de ne pas suivre, de passer son temps à déranger la classe, il arrive à avoir de bons résultats scolaires, surtout dans les petites classes. Il renvoie à l'incpompréhension du professeur, voire son inutilité.
Au delà des discours, je vous laisse découvrir deux témoignages qui décrivent de l'intérieur ce que vivent ces enfants à profil bien atypique et "insupportables" pour l'institution.
Ci-dessous, voici quelques extraits de ces mails :
Pierre a de gros soucis relationnels, il a très peu confiance en
lui (bien qu'il ne le montre pas du tout au contraire!) et a besoin de
sentir que ses copains (...?!) et ses enseignants l'aiment. Pour cela il va
être dans le contact et l'occupation (voire l'envahissement) de leur espace
: résultat = rejets répétés, insultes, bagarres. Sauf que Pierre
ne veut pas se laisser faire et ne veut pas en parler aux adultes (car il a
peur que çà empire). Résultat: les enseignants le considèrent comme
responsables de ce que lui font les autres et empirent le phénomène par des
punitions, des cris ... dont les conséquences sont : plus grande
dévalorisation, révolte (en parole et en acte : les 2 dernières : "puisque
je n'ai pas de droit, je n'ai pas à obéir" …
…« Il est tout temps en train de bouger sur sa chaise, de jouer avec
sa trousse.... Réponse de ma part: il ne sait pas se concentrer autrement
qu'en faisant plusieurs choses en même temps. Réponse de la maitresse : oui
mais les autres font pareil et eux ils ne peuvent pas faire plusieurs
choses. La messe était dite! Evocation de l'injustice ressentie par Pierre
sur certaines de ses décisions, sanctions, punitions, sur le fait que les
autres enfants ont bien compris qu'il suffisait souvent "d'accuser" Pierre
pour qu'il soit puni. Réponse c'est Pierre qui provoque. »…
Autre enfant :
« … Il a rencontré très tôt (trop tôt) des soucis de comportements. Nous avons été mon conjoint et moi très vite alertés, convoqués. Cela n’a pas été simple de se retrouver face à la direction, la maitresse de maternelle de l’époque et vous-même. Nous étions abasourdis car tout le monde semblait s’inquiéter pour notre enfant, qui débordait sans cesse du cadre institutionnel. La colère, la trop forte colère était son seul moyen d’expression. Il semblait ne pas être en adéquation avec lui-même, mais je ne comprenais pas ce qui se passait en lui. Je notais simplement qu’il était sensible au toucher, que cela lui permettait de se calmer La projection d’un enfant différent n’est pas simple à accepter, ni même à envisager. Je notais chez Noah une extrême sensibilité, un besoin d’être canalisé à la fois en douceur, mais aussi fermement. A la maison nous avons été en difficulté face à Noah qui avait du mal avec les règles. Nous tentions la fessée, la punition et nous en avions fait part lors de cette réunion à laquelle vous assistiez. Je me souviens de votre réaction face à cela, de votre mise en garde quant à la blessure, à l’impact que cela pouvait avoir… »
« …A l’école les choses se sont un peu calmer en surface mais pas au creu de mon enfant. Il sortait souvent en larmes, très énervé, mal dans sa peau il s’est mis à se ronger les ongles et je voyais dans son regard un appel à l’aide assez clair. Les convocations auprès de la maitresse étaient régulières, elle était assez désemparée et traduisait le comportement de Noah qui bougeait beaucoup comme étant une atteinte à son autorité et attendait de nous qq chose implicitement de l’ordre d’une action empreinte d’autorité. J’avais à la fois conscience des difficultés que pouvait générer le comportement de mon enfant au sein d’une classe et je le voyais, je le sentais se perdre lui …Le désarroi total.
Je n’étais pas en phase avec mes propres représailles, mes propres punitions que j’avais mis en place en lien avec les différentes rencontres parents –profs ou parents direction. Suite à la demande de la directrice j’ai pris rendez vous auprès d’une pédopsychiatre qui je crois à été salutaire pour mon enfant. Elle nous a parlé d’une éventuelle précocité (que l’école avait anticipé en mettant Noah dans une classe de cycle grande et moyenne section de maternelle)…
Elle a suivi Noah et n’a noté en lui aucun trouble d’hyperactivité, ni psychique grave. Mais elle a pointé cette trop grande sensibilité, sous cette apparente exubérance provocatrice ( faire du bruit en classe, chute de sa chaise, chute des crayons, se lever refus des règles etc) jouant contre lui et n’étant qu’une forme de protection face au peu d’estime qu’il avait de lui-même ….Les apparences pures et dures ne reflétant pas sa souffrance, mais l’amenaient à subir le rejet( Noah était très souvent parachuté dans une autre classe notamment durant les classes de maternelle )et subissait les remontrances fortes de la maitresse ce que je ne juge pas, car je sais que c’est très compliqué de gérer qq chose que l’on ne comprends pas. Néanmoins la souffrance de Noah n’a pas été entendue par le corps enseignant et cette forme d’injustice contribuait aussi à son mal être… »
« …Aujourd’hui, Noah est en CE1 les notes sont pour l’instant très bonnes, mais son comportement est toujours délicat. Il est taquin cherche tj à se faire remarquer en classe pour être certain qu’on ne l’oubli pas…C’est vrai que c’est souvent exagéré, il réagit trop fort, trop vite, et très mal. Ce qui lui vaut des remontrances de la maitresse et ensuite les moqueries de ses camarades. Il prend ses dernières très à cœur et réagit vivement en classe ou dans la cour d’école. Ce qui là encore, le conduit à subir des remontrances devant ses camarades. Il vit cela très mal et ne comprend pas que l’on puisse se régaler des malheurs des autres. Cela vient encore entamer son estime de soi déjà bien mise à mal. Toute fois je sais que lui aussi peut être moqueur, il me dit que c’est pour se venger de leurs rires …. Il y a un phénomène de groupe qui s’est installé. Le « chef » dit haut et fort que Noah est un bébé ou débile, qu’il ne faut pas aller à son anniversaire (ce qui s’est passé pour la moitié d’entre eux) qu’il ne faut pas jouer avec lui à la récré… Il réagit à cela vivement à ce type de propos et cela fini toujours par mal finir. Nous avons des parents dont la fille est en cours avec Noah, elle nous raconte exactement ce que Noah nous a dit tous ces mois. Un autre de ses camarades m’a dit la même chose « Noah supporte pas qu’on se moque alors il réagit et les autres se moquent encore plus Noah se défend en envoyant tout balader sur son bureau, la maitresse le punit et les autres se moquent beaucoup encore. » Une 3ème petite m’a dit que lorsque les enfants faisaient exprès d’embêter Noah, ils allaient ensuite se plaindre à la directrice en accusant Noah, qui là encore se faisait rabrouer. C’est un phénomène sans fin. Récemment Noah a subi les moqueries d’une camarade il a réagit en la poussant, elle s’est faite mal au nez et a saigné. Evidemment c’est inacceptable il a donc été fortement disputé par la directrice. Mais qui prend on compte un cœur qui saigne de l’intérieur ? Qui va agir pour protéger ces cœurs ? Comment exprimer cela aux professionnels qui semblent ne rien voir ? Je suis à la fois tellement attristée et désemparée car je me sens bien impuissante face à ce qui se passe à l’école. Nos tentons de le réconforter au mieux, de lui donner confiance tout en veillant à ne pas le victimiser ce qui serait à mon sens très préjudiciable pour lui. Mais seuls nous ne pouvons rien, l’école, les autres contribuent eux aussi à son développement… »
Favorisons la recherche des causes pour atteindre les effets
Nous oublions trop souvent que ces enfants sont en grande souffrance intérieure. Ce qui ne veut pas dire que leur comportement est acceptable. Mais ce ne sera qu'en allant chercher leur grande souffrance en eux qu'on arrivera à améliorer leur comportement et non en cherchant à modifier, contenir ce comportement. Allons chercher au delà des apparences, comme si ces enfants jetaient à la vue des adultes des leurres pour cacher leurs souffrances, leurs faiblesses. Des enfants avec une image d'eux-même très abimées, à la fois par leur propre comportement qu'ils jugent mauvais, donc ils sont mauvais; mais également par le renvoi qui leur est fait : punition, colère, rejet...
Des pistes à explorer :
- Accélérer le parcours scolaire de l'enfant
- Passer un contrat écrit avec lui
- Suivi psychologique ou du moins travail sur soi.
- Supprimer toute punition et aller dans le registre des sanctions réparatrices
- Recherche d'un tuteur qui n'est pas obligatoirement l'enseignant titulaire de la classe de l'enfant
- Tenter de ne pas rester dans le conflit entre l'équipe enseignante et les familles. chacun se juge incompétent. Amener des tiers dans les réunions (psy, médecin, psychomotricien...)
- Proposer un cadre ferme et bienveillant à l'enfant. Parler de ces problèmes, mais également de ce qui fonctionne bien, de ses richesses, ses qualités.
- Parler à l'enfant de sa précocité, lui expliquer son fonctionnement.
Bien à vous,
Jean-François Laurent
L’APEL de l’école du sacré Cœur organise une conférence
Enseignant, écrivain, formateur sur deux domaines que sont la précocité intellectuelle et la médiation scolaire (autorité, violence, conflit, relation…)
Lieu : maison des associations « Simone André », place Jean Monnet, Meyzieu
Entrée gratuite.
Organisation : APEL Ecole privée du Sacré-Cœur - 59 rue Louis Saulnier Meyzieu
Jean-François Laurent
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