Joyeuses fêtes à tous,
Belles année avec des milliards de chaudoudoux
Jean-François Laurent
P.S. Merci à Sam pour le montage
Lettre à un professeur,
"Je te tutoie, c'est la coutume dans l'Education Nationale, et comme je suis resté dans la grande maison 29 ans...
Bon sang, tu ne vois pas que la répression à outrance ne fonctionne pas ! Tu n'as que cela comme arme, étant donné que tu as été élevé comme cela que ce soit à la maison ou à l'Ecole. Avouer que ça ne marche pas, c'est quelque part critiquer tes parents, tes anciens profs. Or, tu as réussi à l'Ecole et c'est difficile, je le conçois aisément, ayant moi-même réalisé ce chemin vers la gestion pacifique des conflits, la non violence.
Au 13 heures, j'entends qu'un des tiens s'est fait agresser avec un cocktail explosif et je le regrette, ne trouve pas cela normal. C'est grave ! Mais la réponse, l'analyse effectuée n'est pas la bonne. Ces jeunes sont issus de cette culture de la punition et de la répression. mais quand leur a-t-on appris à agir autrement ? Les seules réponses apportées, à disposition des professeurs, c'est un mot sur le carnet pour les parents, des heures de colle, des punitions, des exclusions. mais si cela fonctionnait, cela se saurait, se verrait !
Je suis en train de réfléchir à une autre affaire de vol dans les blousons par des grands "troisièmes" à des petits "cinquièmes" une classe entière pris à faire les poches des plus petits. Un I Pad et un smart phone disparus. oui, il faut agir, mais comment avant d'en arriver à des faits encore plus graves que sont les agressions physiques sur des enseignants ?
La réaction du corps professoral est d'organiser un conseil de discipline afin d'exclure quelques élèves, pour l'exemple, pour leur montrer l'autorité, leur faire peur... Mais qu'apprendront ces jeunes si ce n'est de faire encore plus attention la prochaine fois pour ne pas se faire prendre. Rien ! Ils recommenceront avec plus de rage et de rancune, l'image qu'ils ont d'eux-même encore plus salie.Oui, il ne faut pas ne rien faire.
Je propose dans le cas des vols multiples qui vont des outils de classe aux objts plus personnels :
- Qu'un représentant des forces de l'ordre vienne reprendre les jeunes concernés pour un rappel fort à la loi avec leurs parents et l'équipe de direction de l'établissement,
- Que ce réprésentant de la loi vienne rassurer les jeunes de la classe de cinquième en collectif,
- Que ces jeunes aient une réparation à effectuer que les élèves de cinquième nomeront "de quoi avez-vous besoin pour vous sentir en sécurité, vous sentir bien ?
- Que le chef d'établissement nomme également la réparation dont il aura besoin pour refaire confiance à ces jeunes,
- Qu'un travail de réflexion soit mené sur mla classe, voire plus sur les effets de groupe, les enjeux d'actes de vol,
- Qu'ensuite soit mis en place une formation à la gestion des émotions, la place de la parole, la gestion des conflits, que ce soit pour les élèves, mais également pour les professeurs.
Ces réparations peuvent aller de l'organisation d'une sortie commune, d'un temps de réflexion ensemble (troisièmes et cinquièmes), d'un temps d'écoute commun, d'un travail d'intéret général pour les troisièmes... Mais des actes qui réparent, qui recherchent le levier de l'intelligene, de l'empathie, et non celui de la peur. Si l'institution est violente en termes de reprise de transgression de règles par la répression, les élèves le seront à leur tour. Ils auront appris la loi du plus fort.
L'idée à développer est d'utiliser cette transgression de la loi de manière à apprendre à mieux vivre ensemble. Ces jeunes sont en devenir et ils ont à mener des apprentissages sur la gestyion de leurs pulsions, de leurs actes. et oui, c'est difficile, notamment avec des adolescents. Il faudra peut-être recommencer plusieurs fois avant que cela porte ses fruits, mais ça fonctionne. Toutes les initiativs qui ont été menées dans ce sens ont prouvé que le niveau d'incivilités et de violence baissait très sensiblement avec la mise en place de lieux de parole, de formation à la médiation, à la gestion non violente des conflits. et si nos jeunes étaient éduqués de cette manière dès le plus jeune age, nous ne serions pas, ou moins à devoir gérer des situations catastrophiques d'agression au cocktail explosif !
Nous avons, nous adultes, nous parents, nous professeurs, une responsabilité majeure dans ces actes. il y a deux ans, j'avais annoncé que les actes de violence ne feront qu'augmenter si nous ne changeons pas de manière forte notre manière d'appréhender les transgressions de règles chez les jeunes.
Nous durcissons les positions avec un arsenal de punitons appelées souvent à tort sanctions, toujours plus d'exclusions, toujours plus de décrocheurs, d'échec scolaire... Mais il faut faire comme avant !
Ecoute-moi, je reviens vers cet acte sauvage vis à vis d'une professeur. Comment je ferai ? Prise de conscience de la gravité de l'agression par le juge, Rappel à la loi très fort avec travaux d'intérêts généraux en crèche ou ailleurs, mais avec comme objectifs que cela répare la société et la professeur, changement de lycée pour se refaire une image différente, suivi éventuel avec un éducateur ou un psychologue, écoute des ressentis de la professeur par les deux jeunes... Et si nous sommes plusieurs à nous pencher sur ce cas, nous trouverions d'autres pistes à explorer.
Mais si on les exclut, les mettons en prison ou je ne sais quelle punition, que feront-ils ensuite ? Quel coût cela aura-t-il pour le jeune, pour la société ?
Osons aller sur les voies de la gestion non violente des conflits, la médiation, la place des émotions, le sens de la règle, la réparation... pour plus de paix, de sérénité, de bienveillance.
Bien amicalement à tous et à toi cher ancien collègue"
Jean-François Laurent
Jean-François LAURENT
Une visite de François Hollande vient enfin de relancer la question du redoublement en France.
Quelques chiffres : 4.2% des élèves redoublent chaque année.
13.2 % des élèves ont redoublé à l’entrée en sixième
37% des élèves ont redoublé au cours de leur parcours scolaire, 21 % en Allemagne, 13% moyenne OCDE
Finlande : 2.8%, Suède : 0%
Le taux de redoublement baisse régulièrement chaque année en France. Pour ou contre le redoublement ? Il me semble que la question n’est pas binaire et une loi ne changera rien. Il me semble que la réponse est à rechercher dans la pratique des professeurs. La majorité des enseignants propose le même apprentissage de la même manière, en même temps pour la même durée, avec la même évaluation à tous les enfants. Tant que nous serons dans cette logique, le redoublement aura sa place et se justifiera.
Imaginons des sauteurs en hauteur. Actuellement, trop souvent, on leur apprend tous à courir de la même manière, de prendre leur appel de la même manière, de franchir la barre … et que pour vérifier qu’ils ont bien progressé, on place la barre pour tous à 1.50m. On retrouvera ceux qui passent aisément cette hauteur et ceux qui feront tomber la barre. On peut imaginer que certains ont besoin de travailler davantage leur technique de franchissement, d’autres leur pied d’appel, d’autres la vitesse d’approche, etc. On pourrait estimer que la norme est à 1.25m (hauteur totalement fictive) et mesurer chacun selon ses progrès, prévoir des temps de consolidation, de perfectionnement, d’entraide, voire pour les meilleurs d’autres activités et valider le parcours de chacun. Cette compétence serait retravaillée l’année suivante jusqu’à validation définitive, cela sans redoubler une année. Les professeurs d’EPS l’ont bien compris et pratiquent déjà de cette manière.
Quand un enseignant intègrera que les élèves utilisent des stratégies différentes, arrivent avec des acquis différents, ont besoin d’une durée différente pour apprendre, ne peuvent pas apprendre la même chose en même temps, qu’ils n’auront pas les mêmes résultats au final… Quand on acceptera des parcours différenciés, davantage de coopération entre les jeunes apprenants, des évaluations différenciées, alors la question du redoublement ne se posera plus.
Une des réponses est donc à chercher dans la gestion de l’hétérogénéité. Plus une classe est hétérogène, en plaçant les jeunes dans des situations de coopération, en leur donnant confiance en eux, en proposant des situations complexes d’apprentissage (réaliser un dossier, une lettre, résoudre un problème plus ou moins complexe, une expérience scientifique… l’échec scolaire reculera et tout naturellement le redoublement n’aura plus lieu d’être.
Jean-François Laurent
Jean-François LAURENT sera en conférence demain soir à Meyzieu, près de Lyon pour une conférence sur la confiance à développer chez nos enfants que ce soit à l'école comme à la maison.
Enfin !
J'ai enfin renouvelé mon site web que vous trouvez à l'adresse suivante :
www.jeanfrancoislaurent.com
dont voici un lien direct en cliquant ci-après : link
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- Des liens sur chaque page pour ce blog qui complète le site (ou inversement).
Il va encore évoluer en fonction de vos remarques et suggestions.
Bien amicalement à tous
Jean-François LAURENT