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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 10:34

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 08:41


    Comme vous le savez peut-être, j’ai toujours été contre le permis à points dans les établissements scolaires. Le principe de ce permis est le suivant : Vous avez un capital points au départ portant sur la bonne conduite dans l’enceinte de l’établissement scolaire. A chaque transgression de règles repérée et relevée, vous perdez des points, ceci en fonction d’une cotation. A partir d’un seuil restant quand vous perdez des points, le jeune peut être puni par un travail à effectuer, puis ses parents peuvent être convoqués, ensuite le jeune peut  être collé, puis si cela continue, il peut passer en conseil de discipline, renvoyé, etc, jusqu’à l’exclusion définitive. Voici en gros le principe.

Je vous rappelle pourquoi je suis farouchement contre ce système ?

Premièrement, cela ne fonctionne pas avec les élèves qui en ont le plus besoin. Ils perdent très vite leurs points et se retrouvent à la case départ.

Ce système n’apprend aucun comportement nouveau et acceptable par tous pour mieux gérer leurs émotions, leurs pulsions, leurs conflits…

Ce système est fondé sur la crainte et développe le « pas vu pas pris » pas la confiance en soi, l’apprentissage des règles de vie.

 

Mais pourquoi cet article la veille de Noël ?

 

Ce matin, regardant l’émission « Envoyé spécial *» en replay sur France 2, qu’elle ne fut pas ma surprise et mon étonnement. Le reportage visionné portait sur l’entreprise « Foxconn » en Chine, qui produit les célèbres I phone et I pad pour la firme à la pomme.

 

Et là, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre un des chefs d’équipes annoncer aux nouvelles recrues qu’il est établi un permis à points (100 points valables 6 mois) et qu’à chaque fois que le règlement ne sera pas respecté, (« Quand vous n’obéirez pas » l’ouvrier perdra des points. Quand il arrivera à 60 points, il sera licencié. Il faut savoir que ces personnes travaillent, mangent, dorment dans les locaux de l’entreprise qui emploie, si j’ai bien écouté, 1 400 000 personnes. Quand on sait que les réponses apportées par l'entreprise aux suicides d'employés furent la pause de filets anti chutes ainsi que la mise en place d'une hot line...

 

Cela veut bien dire que lorsque nous mettons en place le permis à points dans une école, un collège, nous utilisons le même système que celui repris dans la plus grande entreprise chinoise. Quand on connait les conditions de vie et de travail de ces ouvriers, nous ne pouvons être que surpris, choqués ! Comment éduquons-nous nos enfants en France ?

 

Un clin d’œil pour nos petits précoces, ceux qui « turbulent » qui ont très vite compris la perversité de ce système, ce qui les rend encore plus « instables » par rapport à un système fondamentalement répressif.

 

                Joyeuses fêtes de fin d’année à tous

                                          Jean-François

 

* Foxconn, enquête sur la face cachée d'Apple , envoyé spécial, france 2, émission du 13 /12/2012 à 20 h 45

 

 

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 07:56


    Une nouvelle fois, Franck revient à la maison avec un mot sur son carnet. Il en est au dix-huitième depuis la rentrée de septembre 2012. Vous allez me dire que cela fait beaucoup ? 32 heures de cours par semaine X par 8 semaines, cela fait donc 256 heures de cours un mot toutes les 14 heures de cours environ sans compter que le jeune est
demi pensionnaire et qu’il a pu prendre des mots pendant ce temps périscolaire….photo gigi 1
     Les parents qui le vivent au quotidien savent ce que cela signifie, les parents de moins de 35 ans aussi, les autres moins. J’explique la logique sous-jacente : Quand un jeune commet une transgression de règles, à discrétion de l’adulte, le collégien a un carnet de correspondance sur lesquels sont notés le règlement intérieur de l’établissement, des espaces pour les retards ou absences du jeune ainsi que des pages ou feuillets afin que les adultes puissent se plaindre du jeune, soit pour des raisons de travail, soit pour des raisons de discipline. Le carnet est communiqué aux familles qui le signent, le jeune montrant que ses tuteurs légaux ont bien pris bonne note du « mot ».
Mais à quoi cela sert-il ? Qui a-t-il derrière ?
     Le pari, l’hypothèse qui est posée par cette pratique qui mérite qu’on l’interroge est que si les parents sont au courant de la transgression du jeune, ceux-ci vont réussir à faire cesser ce comportement au collège, sachant qu’avant de mettre un mot sur le carnet, le professeur ou l’éducateur a déjà menacé : « Attention, si tu ne te tais pas, tu vas avoir un mot sur ton carnet ! » En sachant également que, souvent, au terme de trois mots sur le carnet, le collégien est collé deux heures.
     Nous pouvons imaginer que si l’adolescent a des comportements où il recherche le cadre au collège, on peut imaginer que c’est la même chose à la maison. Derrière tout cela, nous sommes dans une logique de menace et de répression en cas de transgression de règles. Nous sommes loin d’une logique éducative qui enseigne au jeune le comportement adapté.
    Imaginons également que le jeune rentre à la maison avec un mot sur son carnet, qu’il a deux frères plus grands que lui et que sa maman est seule, fatiguée et en difficulté dans la gestion de sa famille. Quels seront les effets de ces mots sur le moral des troupes ? Que va pouvoir dire cette mère ? Que va ressentir le jeune vis-à-vis de sa maman qui risque, une nouvelle fois, d’être bafouée dans son autorité ? Dans le meilleur des cas, elle signe discrètement le carnet en espérant que son enfant soit réprimandé par le collège et que tombent les fameuses deux heures de colle. Dans le pire des cas, elle se fait humilier par son enfant qui a pris le dessus et qu’elle n’arrive plus à contenir.
Si cela fonctionnait, cela se verrait !
     Or, nous retrouvons toujours les mêmes jeunes avec des mots sur leur carnet. Ce système répressif ne fonctionne pas avec une majorité des jeunes, mais c’est une des armes qu’a le professeur à sa disposition pour faire régner l’ordre dans sa classe et le travail consciencieux. Cela ne fonctionne pas parce que l’hypothèse des parents « contenants » est aléatoire. Et je ne condamne absolument pas les familles dont la tâche est de plus en plus difficile, comme pour les professeurs d’ailleurs : famille mono parentale, recomposée, chômage, crise économique, pauvreté, crise de l’autorité, … et j’arrête sur les boucs émissaires bien trop nombreux. Les professeurs ne peuvent pas se plaindre que les familles se mêlent de leurs affaires si, très et trop régulièrement, on leur renvoie « la patate chaude ». Voici ce que fait votre enfant (sous-entendu, ton enfant est mauvais, débrouille-toi ! mais je veux qu’il revienne meilleur demain)
     Oui, j’exagère, mais à peine. Bien sûr que le professeur a été « éduqué » prof dans la salle des profs avec ces outils mis à sa disposition. Bien sûr qu’il trouve légitime de prévenir la famille quand le jeune déborde. Bien sûr que c’est une menace qu’il peut brandir afin de contenir le jeune… Oui, oui, mais cela ne marche pas et produit des effets contraires : violence, injustice, mauvaise image de la fonction parentale, mauvaise image pour le jeune…
Mais qu’a-t-on donné à ce pauvre professeur pour assoir son autorité ? Que lui a-t-on communiqué d’autre que cette culture répressive qui fonctionne pour quelques bons élèves, qui, une fois par an, se retrouvent avec un mot, rentrent à la maison l’air penaud, se présentent devant leur père, tête baissée, rouge de honte et expliquant avec humilité la bêtise faite, le papa grondant, soutenant le collège et le professeur et le jeune retournant dans sa chambre après avoir promis qu’il ne recommencerait plus. Mais cela, c’est dans les livres comme on dit…
Que peut faire le professeur ?
Les réponses sont multiples.
    D’abord parler de lui avec l’élève, de ce qu’il voit, de ce qu’il ressent. Il peut se mettre en colère, mais avec des phrases « je ». Il parle de lui et non sur l’autre.Prendre l’élève à la fin du cours pour s’expliquer, se faire aider d’un tiers éventuellement. Oui, cela prend du temps après les cours, mais cela vaut le coup. Il faudra bien un jour dire clairement aux professeurs que leur fonction ne s’arrête pas à l’heure de cours. (Il faudra également leur fournir des bureaux dans l’enceinte du collège pour recevoir les jeunes dans de bonnes conditions)
Demander au jeune ce qu’il s’est passé pour lui, ce qu’il a ressenti, comment il pourrait faire autrement la prochaine fois. Bref, tisser du lien, chercher à comprendre pourquoi le jeune transgresse la règle souvent. Il n’existe pas de transgresseurs heureux.
    Quand le jeune a transgressé, lui proposer de réparer l’erreur commise, s’excuser éventuellement. La réparation peut être contraignante et exigeante si besoin est (préparation d’un texte, demande d’attitude parfaite, prise de parole devant les autres, travaux d’intérêt généraux en lien avec l’erreur commise, …)
De manière plus générale, le collège peut adopter une autre politique où le jeune a plus de parole : conseil des élèves, de la vie scolaire, lieu d’expression de parole, fin des exclusions de cours pour aller chez les surveillants pour des passages de relais, rencontres avec les familles.
Pour les jeunes qui ont le plus de difficultés à respecter le cadre du collège, leur adjoindre un tuteur et passer contrat sur des points réalisables.
     Pour d’autres, ce sera de poser son regard sur ses éventuelles difficultés en terme d’apprentissages scolaires et faire en sorte d’adapter son parcours afin qu’il retrouve le chemin de la réussite. Un jeune en difficulté est un jeune en souffrance et ses difficultés scolaires peuvent activer des attitudes non respectueuses du cadre.
Seul, le professeur ne s’en sortira pas. Il s’agit de prendre un virage collectif pour sortir d’un système répressif dont le carnet en est une illustration parmi d’autres. Il s’agit d’initier une autre politique au collège comme à l’école primaire ou au lycée) une logique coopérative, moins répressive avec plus d’empathie pour ces jeunes dont le passage dans l’adolescence est délicat et mérite qu’on apporte des réponses adaptées.
                  Jean-François Laurent
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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 12:31
    Témoin privilégié du quotidien d’un chef d’établissement secondaire (collège), je suis interpelé par sa fonction de maintien du cadre et cette fonction me semble prendre de plus en plus d’espace au collège.
Au préalable, prenons la précaution de préciser que mes analyses reposent sur des éléments qualitatifs et non quantitatifs, sur l’observation du quotidien et non sur des statistiques, l’une des méthodes ne s’opposant pas à l’autre.
Plusieurs remarques 2012-10-07 12.17.11
 - Le collège doit tenir, voire contenir les jeunes. Qui le fera autrement ? Les familles le font moins, le peuvent moins, ont moins de ressources pour effectuer cette mission de construction de l’individu par l’apprentissage des limites. Les « psy » diraient, l’élaboration du surmoi. La société au sens large le fait moins : les voisins, les éducateurs ou arbitres de sport sont contestés, la famille élargie qui n’est plus à proximité, incivilités non reprises par l’entourage …
- Tout reposerait de plus en plus sur la famille : parents, alors qu’un mariage sur trois ne tient pas, que la recomposition familiale n’a pas encore donné de place officielle au beau-parent dans la responsabilité du jeune au quotidien, que les parents n’ont plus de modèles à suivre pour élever au sens propre leurs enfants, qu’ils ont peut-être moins d’énergie alors que les jeunes de cette génération en demanderaient plus, voire la concentration d’énergie ne repose plus sur un nombre de personnes assez important.
- Les parents ont des difficultés à identifier le « non » comme un signe d’amour, de sécurité, de construction de l’individu. Lui dire « non » en fermeté bienveillante, c’est le soulager d’un poids, c’est l’aider à grandir, à conserver sa place de jeune qui n’a pas encore le poids des responsabilités sur les épaules. C’est lui dire : « je t’aime ». Pour les soutenir, il existe le collège. Mais ce mariage forcé a l’air « contre nature » ? Et pourtant, c’est une des voies indispensables à suivre. Il faut s’apprivoiser.
Revenons à notre directrice de collège qui passe beaucoup de temps à montrer aux parents comment agir envers le jeune, à redonner toute la place d’autorité aux parents, aux professeurs, aux adultes au sens large. Et parfois, c’est difficile et cela passe par l’épreuve de force avec le jeune qui n’est plus habitué à obéir, à accepter l’autorité, à prendre sa part de responsabilité dans un accrochage avec un professeur,  dans une absence de cours plus ou moins couverte par la famille.
Non, il est de salubrité publique de collaborer entre parents et corps enseignant ? Oui, mais comment ?
- En acceptant que seuls, on ne peut y arriver. Les parents comme les professeurs ont besoin les uns des autres dans une logique de confiance.
- En étant cohérent sur les limites posées et leur traitement en cas de transgression de règles.
- En étant explicite sur le règlement interne de l’établissement avec des règles qui ont du sens pour les jeunes, des règles respectées de tous, cooptées, y compris des professeurs qui doivent être exemplaires : exactitude horaire, langage, expression de la colère avec des phrases  « je » et l’expression de ses ressentis et non de jugements portés sur l’autre, arrêt des renvois systématiques de cours...
- En donnant des espaces de paroles aux jeunes avec des coins écoutes, tuteurs, place dans les différentes instances de pilotage de l’établissement, foyers.
- En proposant des rituels de passage aux jeunes : remise de diplômes, pot d’accueil, de départ, célébration de fêtes diverses, journées à thèmes…
- En stoppant cette logique compétitive de notation pour aller vers une logique coopérative d’accompagnement du jeune dans sa scolarité. L’échec scolaire est violent pour tous et en premier lieu pour les jeunes eux-mêmes. Ce qui ne veut pas dire laxisme !
- En privilégiant la sanction réparatrice plutôt que la punition qui attire d’autres punitions. (Ce sont souvent les mêmes qui se retrouvent collés ou avec des mots sur leur carnet de correspondance). Si cela marchait, cela se verrait par la baisse de la récidive. Or, ce n’est pas le cas !
Et notre directrice passe beaucoup de son temps à recadrer, reprendre des jeunes, les confronter à un « non » ferme et responsabilisant, à expliquer aux parents comment faire, à rassurer des professeurs déstabilisés. Changer de logique, ce n’est jamais simple et pourtant, c’est indispensable !
                                    Jean-François Laurent, formateur, conférencier, écrivain
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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 11:38
        Vendredi dernier a eu lieu une conférence sur la confiance en soi et comment développer ou préserver ce capital confiance avec nos enfants à Le Verger, petit village de centre Bretagne, conférence organisée par Gwenn, présidente de l'association parents partage.2012-03-23-21.05.55.jpg
   Devant une salle pleine, Jean-François Laurent a développé ces thèmes de prédilection sur comment faire à la maison mais également à l'école. Il a longuement développé avec moult exemples comment gérer des conflits entre enfants, mais également comment faire quand un enfant a transgressé une règle.
    Si nous devions retenir quelques points, ce serait : "Une transgression de règles, ce n'est pas plus grave qu'une transgression en orthographe, c'est un espace d'apprentissage. Il est bien naturel qu'un enfant transgresse une règle, mais on doit le reprendre de manière ferme et bienveillante. C'est le mariage de cette apparente antinomie qui pourrait poser problème.
          - Jamais de punitions, toujours sanctionner, préparer l'avenir et non régler le passé, ne pas se venger mais apprendre..." !
          -   Quand on frappe son chien, c'est de la cruauté, quand on frappe un adulte, c'est de l'agression, mais quand on frappe son enfant, c'est pour son bien ???"
     
  2012-03-23-20.48.24.jpgJean-François Laurent a ouvert d'autres pistes entre laxisme et autoritarisme : le concept d'éducation restaurative.
Conférence passionnante avec de nombreux échanges avec la salle où les participants sont repartis chargés de belle énergie.
    En final, avec la séance de dédicaces de ses ouvrages, tous les participants se sont retrouvés autour d'un délicieux jus de pommes; une belle soirée riche en convivialité et perpectives.
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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 12:19
Du renvoi du cours à la salle d’étude  Ou le passage de relais au collège !

 

          Suite à une formation avec des éducateurs : C.P.E. surveillants, A.V.S.  E.V.S. dans un collège de Lyon, j’ai souhaité réfléchir à un « habitus scolaire»  quotidien du collège : le renvoi des élèves du cours vers la salle d’études, pratique largement répandue dans l’hexagone.24092009190

 

Un enfant est renvoyé de classe et arrive en salle d’étude. Il peut être renvoyé pour différents motifs : arrivée en retard, travail personnel non effectué, oubli de matériel, indiscipline diverse et variée. Quoiqu’il dise, qu’il fasse, quoique soit son attitude lorsqu’il arrive en salle d’étude : arrogante, agressive, renfermée, neutre, blasée, le jeune a subi une blessure narcissique. Il peut être blessé, se sentir coupable, même s’il dit ou montre le contraire, même si cela le satisfait apparemment, répond, conforte son statut social dans la classe qui peut être celui du rebelle, de l’insoumis, du cancre… Au moins, il a un statut dans son groupe de référence, Quand bien même, ce n’est pas la réalité intérieure du jeune. Il camoufle cette fragilité, le professeur cache son état intérieur, sa frustration de la classe et des élèves idéaux. C’est une situation subie, de substitution qui révèle les limites de chacun des acteurs.

 

Du point de vue de l’élève

Arrive donc notre exclus dans une situation de l’entre deux. Vu par le jeune, cela a pu être injuste ou juste. Il en veut au professeur ou pas… Mais, quoique son attitude montre, quelles que soient ses paroles, il est blessé, consciemment ou pas. Il peut jouer un rôle qu’il s’est attribué, il peut subir une situation qu’il ne maîtrise pas. Il se sent dévalorisé, rejeté, mal, quelque soient les signes extérieurs.

« Nous ne connaissons pas de cancres volontaires heureux ! » nous disait Georges Oltra.

 

 

Du point de vue du professeur

Que peut ressentir le professeur ? Il avait bien préparé son cours et un des jeunes le provoque, ne rentre pas dans son cadre. Il est déçu, énervé, en colère, blessé, que cet élève n’a rien à faire dans cet établissement, il a peur de ne pas y arriver, que va dire sa hiérarchie, conforté dans son idée que de son temps cela n’était pas pareil. Il doit assoir son autorité, pour l’exemple, pour la classe, pour ses collègues, pour lui. Les ressentis du professeur sont certainement multi dimensionnelles et mixent plusieurs émotions comme la colère et la tristesse, la peur… L’attitude du jeune lui renvoie une mauvaise image, son égo est mis à mal … ou à distance en feignant l’indifférence, consciemment ou pas.

- « Sans lui, cela irait mieux ! De toute manière, lui, il ne fout rien et il dérange… »

Ce jeune peut lui renvoyer ses propres limites comme lui permettre d’assoir son autorité, assouvir son pouvoir comme contribuer à son confort professoral sans nuire à sa logique de transmission de connaissances dans une classe « sage » et à l’écoute. Il a posé un acte habituel ou exceptionnel. En tout état de cause, il a renvoyé à d’autres la gestion de ce jeune.

Dans quelles conditions a-t-il pu le renvoyer ? Sur un éclat de voix, suite à une transgression de règles, une provocation, une récidive de provocation, une fin de non obéissance, un coup de sang, une lassitude extrême…

 

Du point de vue du surveillant

« - Encore lui, oh non ! Il va encore me mettre le bazar dans ma salle !

  - Il m’énerve ce prof, il en renvoie toujours deux ou trois chaque cours, il devrait changer de métier ! »

Et la salle est déjà pleine, on est vendredi après-midi, le surveillant est fatigué, c’est sa quatrième heure d’étude. Ils n’ont rien à faire, aucune consigne n’a été donnée. Il ne sait pas quelle attitude adopter : indifférence, le gronder de nouveau, le sauver en lui remontant le moral. N’oublions pas que l’élève arrive avec un message du type : « le professeur m’a viré alors que je n’avais rien fait ! De toute façon, il ne peut pas me voir ! Ou en feignant l’indifférence, la colère, les pleurs, le blasé. 

 

Je résume ce scénario catastrophe : Un professeur excédé renvoie de son cours un élève blessé que reçoit un surveillant décontenancé dont le statut d’autorité est contesté, voire non reconnu par l’ensemble des membres de la communauté éducative.

 

 

L’enjeu est majeur : Comment dans cette situation o combien complexe, noire et difficile, cette pratique du renvoi devienne un acte éducatif majeur, constructif de l’apprentissage des règles, de la personnalité du jeune, du renforcement de son égo, de la confiance qu’il doit avoir en lui ? Mais également le renforcement du professeur et du surveillant, le statut du collège qui devrait être un lieu de paix, de construction des savoirs et des attitudes positives ? Comment renverser la tendance et jouer gagnant / gagnant dans cette situation courante du collège ?

 

 

          Comment tous les membres peuvent se situer dans une logique constructive ? Cela dépend des adultes éducateurs.

 

Le professeur, quand il analyse la situation et que celle-ci n’est plus porteuse d’apprentissages, que la tension monte, qu’il n’a pas les mots, que l’élève l’a provoqué… Il peut avoir ce type de dialogues suivant :

« - Je t’ai déjà demandé plusieurs fois de te taire, je vois que tu n’y arrives pas. J’ai comme mission de faire cours à tous dans de bonnes conditions. Or, je n’ai pas les mots, je n’arrive pas à te placer dans les bonnes conditions. Je commence à m’énerver et j’ai peur que les mots dépassent ma pensée. … Je ne sens pas bien en classe. J’ai peur que tu n’arrives à gérer ton attitude, ni moi à t’aider correctement et cela ne conviendra pas à la bonne marche de la classe, je te propose d’aller récupérer en étude avec Mme xxx. Peut-être que cela sera bien pour toi….J’ai des difficultés, la classe a des difficultés, non pas avec toi, mais avec ton attitude. Je te propose d’aller en salle d’étude avec un autre éducateur, dans un autre lieu. Nous reparlerons de la situation ultérieurement. Va te reprendre, tu reviendras meilleur. Non, je ne peux pas accepter ton attitude, j’ai l’impression que tu me cherches, que tu me provoques ! C’est mon impression, peut-être que ce n’est pas cela pour toi, en tout cas, c’est ce que ça donne à voir et je ne l’accepte pas ! On en reparlera plus tard…»

 

- Un moment où le professeur ne passe pas sur les transgressions, les relève sans culpabiliser, nomme ce qu’il voit, ressent, analyse.

- Des paroles où le professeur parle de lui et non sur le jeune.

- Des paroles où le jeune n’est pas remis en cause. On parle de son attitude qui ne convient pas, pas de lui.

- Des phrases qui commencent par « Je » et non qui parlent sur l’autre.

- Une attitude empathique du professeur, mais ferme, qui tient son statut et sa fonction de professeur qui doit assurer le cadre optimal pour que ses élèves apprennent.

 

D’où un élève qui ne se sent pas rejeté, mais accompagné dans ses difficultés relationnelles et comportementales, contenu dans ses provocations éventuelles, qui existe, a le droit à l’erreur, mais accompagné sur son chemin.

 

 

L’éducateur surveillant accueille le jeune. Il peut ou n’a pas les moyens d’écouter le jeune. Il a le temps, les moyens, il peut tenir le type de discours et d’attitude suivant. Il est dans l’accueil du jeune qui ne va pas bien, non dans le jugement ou dans un rôle de garde chiourme.  Il est dans l’accompagnement.

          «  Bob, viens me voir. Qu’est-ce qu’il s’est passé pour toi ? Qu’as-tu ressenti à ce moment là ? D’après toi, qu’a pu ressentir le professeur ? Quelle est ta part de responsabilité dans cette affaire, la seule réponse interdite, c’est aucune. Si ce n’est que de sa faute, alors, tu ne peux pas agir sur la situation. Quelle règle as-tu transgressée et en quoi elle te protège ? Pourquoi est-elle intéressante cette règle pour toi ? Comme pour moi d’ailleurs ? La situation se reproduit demain. Comment peux-tu faire autrement pour que ce soit acceptable pour toi comme pour le professeur et que tu puisses te sentir respecté, mais le professeur aussi ?  Y a-t-il quelque chose que tu voudrais dire au professeur, ou écrire, ou que je lui dise en ton nom ? Comment peux-tu réparer ? Nous demanderons au professeur si besoin. »

 

          Dans ce type de dialogue, l’éducateur s’appuie sur des éléments de médiation et de gestion enrichissante des conflits. Il lui demande pour lui les faits, ses ressentis. Il tente de le mettre en empathie, c'est-à-dire à la place du professeur. Il lui rappelle la règle et le sens de celle-ci et en quoi elle est intéressante pour lui, il lui propose de rattraper, de regagner éventuellement la confiance du professeur, de l’institution. Il est dans une logique de sanction pour préparer un meilleur avenir. En ouvrant un dialogue apaisant avec le jeune, celui-ci peut être amené à lui confier les vraies raisons de son attitude, les raisons cachées qui nécessitent du temps pour émerger et être exprimées.

 

          Ensuite, un dialogue peut s’instaurer entre le professeur, l’éducateur et le jeune afin d’harmoniser les positions et avoir une compréhension commune de l’incident. Cela reste un incident qui ne doit pas être banalisé et utilisé à outrance. Sinon, il y a un problème autre qui ne sera pas débattu dans cet article.

          Cette logique de fonctionnement doit être débattu en amont et planifiée. Chacun des acteurs connaît sa fonction et reconnaît la fonction de l’autre. Des outils de communication du type « message express » peuvent accompagner le jeune quand il se présente en salle d’étude pour se reprendre et avoir un lieu d’accueil, d’apaisement, de clarification des situations.

 

          Oui, tout n’est pas si simple et les éducateurs, qu’ils soient professeur, surveillant, CPE, AVS, EVS, devront innover, chercher… ENSEMBLE !

J’entends déjà les réfractaires au changement se plaindre que cela prend du temps, qu’il faut les tenir, augmenter le niveau des punitions, mais cela n’a pas d’effet sur le long terme, que cela développe l’agressivité des élèves, la logique du « pas vu pas pris », évoquer la nostalgie du bon vieux temps, la faute des parents, de la société, des instituteurs qui n’ont pas fait leur boulot etc… N’oublions pas le temps perdu, l’énergie déployée pour tenter de les contenir par la peur, la menace, la soumission et l’obéissance aveugle. Si cela fonctionnait, ça se saurait !

 

          Les risques à vouloir, oser fonctionner différemment sont mineurs. Nous voyons bien que la situation initiale ne fonctionne pas ou mal. Ce sont toujours les mêmes élèves qui sont renvoyés. Si cela marchait, il y aurait des effets dans le temps. Or, il n’y en a pas. Les récidivistes sont légions. Il n’y a donc pas ou très peu d’impact positifs sur le changement d’attitudes des élèves. Le scénario est bien huilé. L’élève provoque une réaction chez le professeur qui exclut l’élève qui se retrouve en études sous la responsabilité du surveillant.

 

Misons une nouvelle fois sur l’intelligence collective. Osons chercher ensemble d’autres voies, d’autres pratiques qui permettront au jeune de s’apaiser, de se sentir entendu et compris, au professeur de se sentir mieux respecté et ainsi meilleur professeur, à l’éducateur en fonction de surveillance d’avoir un rôle majeur et indispensable dans l’accompagnement du jeune et plus ce ressenti « d’étude poubelle », de bouche trou du collège.

 

 

 

En fin de séance de formation de seulement deux fois 3 heures, le groupe des éducateurs a souhaité faire remonter les propositions suivantes :

 

- Une réunion par mois des éducateurs de l’établissement ensemble afin de partager, comprendre, élaborer.

- 1 ou 2 demi-journées de formation par an, voire plus si possible.

- Elaborer une fiche relais entre la classe et l’étude

- Préciser le règlement intérieur sur de nombreux points de détail. Chacun a sa propre analyse et pose ses propres règles.

- Mettre en place des outils de communication sur les temps péri éducatifs.

- Repenser l’appellation de la fonction de surveillant pour éducateur, assistant d’éducation, accompagnant…

- repenser le lieu études et l’appeler autrement pour une plus grande considération.

- Une rencontre avec les professeurs de collège pour expliquer ce qu’on fait : les attentes des uns et des autres… une formation, une activité avec un tiers : temps relais, temps de renvoi, règlement intérieur sur les temps péri éducatifs…

 college-educateurs.jpg

Merci au groupe des éducateurs du collège avec qui je viens de travailler deux fois trois heures et qui a alimenté ma réflexion sur  ce sujet par leurs compétences, expériences, ouverture…

                Jean-François LAURENT

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 17:23

 

 

20120323_ConfDevelopperConfianceEnSoi.jpg

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 11:04

     C'est à l'initiative de la mairie de Saint Julien les Villas, près de Troyes que Jean-François LAURENT s'est rendu lundi pour une conférence sur l'autorité, et la prévention de la violence dans le milieu scolaire. Autour d'un projet qui permettra aux enfants des écoles de travailler dans des ateliers d'expression théâtrale mais également en rédigeant une charte, cette conférence lançait officiellement le projet.


basket-015.JPG

 

   En ouverture, des jeunes ont mimé des scènes de la vie quotidienne qu'a reprises en illustration Jean-François Laurent.

    Devant une salle bien remplie avec la présence d'élus, de professionnels de l'enfance et des parents, la conférence s'est déroulée en alliant questionnement, propositions, exemples, ceci dans une athmosphère décontractée et sérieuse. jean-François Laurent a abordé les thèmes qui lui sont cher autour de la médiation scolaire, la gestion des conflits, la reconnaissance des émotions. N'hésitant pas à donner des pistes, sans jamais culpabiliser l'assistance, en posant les bonnes questions, avec des positions affirmées dans le registre de la non violence, de nombreuses personnes sont reparties avec des idées en tête de changement afin de donner confiance aux enfants.

 

Vous souhaitez que Jean-François LAURENT intervienne dans votre ville, village, école, association, contactez-le au 06.11.70.32.24 ou par mail à l'adresse suivante

                     jean-francois.laurent@hotmail.fr


Voici ci-dessous un témoignage envoyé par les organisateurs.

 

Bonjour,

Nous tenions à vous dire un grand merci pour votre intervention de ce lundi. Vous avez su réponre à nos attentes et à celles des parents ou professeurs dont les échos sont très positifs. Je pense que tout le monde a été très satisfait de votre approche et du contenu de votre intervention. C'était simple mais très concret et vous avez posé des questions qui concernent autant les parents, que les éducateurs, que els élus et en cela nous vous tirons notre chapeau.

Toute la mairie se joint à moi pour vous dire encore Bravo et Merci pour cette belle conférence.

Nous éspérons que de votre côté, ce court passage dans notre région aura été satisfaisant.

Au plaisir de vous lire ou de vous entendre une prochaine fois.

Cordialement

      En conclusion, nous vous proposons une citation que nous a communiquée l'adjoint au maire de saint julien les villas

 "Ton enfant s'élèvera moins bien avec des confitures de cédrat qu’avec ses propres déconfitures quand toi même tu céderas"

 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 11:28

C'est mardi dernier que Jean-François LAURENT a donné une conférence dans l'école où il a créé et exerce avec une classe d'enfants précoces et non précoces de cycle trois. Il redoutait cet exercice délicat puisqu'il ne se soustrayait pas à cet adage "Nul n'est prophète en son pays".

     Or, ce fut une soirée enjouée devant une salle pleine où il sut emmener son monde dans son univers de chaudoudoux, de cadre bienveillant et d'émotions tout en abordant des thèmes d'actualité, voire controversés comme la fessée.

     Avec son style bien à lui, proche des gens et de leurs réalités, à côté d'eux et non au dessus, illustrant ses propos d'exemples parlants, drôle par moment, touchant par d'autres, il a donné à réfléchir, que ce soit aux enseignants présents ou aux parents venus l'écouter et échanger sur cette problématique éducative si prenante dans un monde en changement et des repères qui ne le sont pas moins.

 

    Ci-dessous quelques extraits de sa conférence

                                         ..........

 

 

 

Entre laxisme et autoritarisme,

une autre voie…
            L’éducation restaurative

En Préambule,

-   Nul n’est prophète en son pays…

-   Ne pas rentrer dans le débat stérile « tout répressif ou tout éducatif »
-   Ou le débat : « De mon temps… »
-   Le cadre,  oui indispensable, mais bienveillant.
-    On n’apprend pas à être parent. On n’apprend pas encore la relation
-    On n’append pas à gérer des conflits , reconnaître nos émotions.

    On ne cherche pas à se culpabiliser*

 

                                                ...........

 

Comment gérer une transgression dans un cadre bienveillant ?

 

 

-La réalité de chacun : Que s’est-il passé pour toi… et pour toi… ou pour moi ?
-Les ressentis de chacun : Qu’as-tu ressenti quand…?
-Le rapport à la règle qui protège : Quelle règle as-tu transgressée et en quoi est-ce intéressant de la respecter ? En quoi elle te protège ?
-Trouver d’autres solutions : Comment aurais-tu pu faire autrement ?
-Rechercher une réparation : De quoi aurais-tu (je) besoin pour te (me) sentir bien ?
-Alors, vous pouvez retourner à vos occupations…
-
-            « Lors d’une transgression de règles, l’enfant doit apprendre , préparer l’avenir, se sentir bien après. On se situe dans une logique gagnant/gagnant. On n’est pas dans une logique d’obéissance aveugle, de peur, de vengeance, de domination » *
                                             ....
La fameuse fessée
—De la déstabilisation des familles…
—Oui, mais pourquoi ? Alors, comment faire ?

Quand on frappe un adulte,
c’est une agression
Quand on frappe un animal,
c’est de la cruauté
Quand on frappe un enfant,


c’est pour son bien ! ! !


« Il n'y a d'autorité vraie que basée sur l'amour et le respect, le seul respect profond, le respect intérieur. »
Récits des temps de guerre, Georges Duhamel*

...........

 

 

 

Sanctionner

Punir

5 manières de faire acceptables de tous

Comment te calmer quand tu sens que tu ne vas plus te contrôler ?

Vers qui aurais-tu pu trouver de l’aide ?

Explique en classe ce que tu as appris de ce conflit

Trouve trois autres scénarios qui t’auraient encore mieux protégé.

Nomme au moins trois raisons qui font que cette règle te protège.

Trouve comment réparer ce que tu as fait.

Quels mots vas-tu poser pour réparer ?

Isoler pour calmer. Isoler pour travailler.

Peux-tu avoir une action de plus pour regagner sa confiance ?

Comment vas-tu réparer l'erreur commise ?

50 lignes, Tableaux de conjugaison, donner du travail en plus, mettre en retenue…

Ridiculiser, se moquer, humilier.

Priver de récréation pour créer du déplaisir.

Isoler longuement.

Frapper, battre, brusquer, faire mal, tirer les cheveux ou une oreille, taper sur les doigts.

Mettre au coin.

Crier très fort sur l’enfant en l’humiliant

Retenir.

Ignorer l’enfant, faire comme s’il n’existait pas.

Menacer, faire peur.

Renvoyer, exclure temporairement ou définitivement.

 

 

                                                                                                ...........


Pour ceux qui souhaitent approfondir, je vous propose d'autres ouvrages dont certains que j'ai écrits :

Médiations sous le préau que j'ai co-écrit avec Martine Mainenti présente en profondeur le projet mené sur une école qui englobe totalement le processus de sanctions réparatrices.

Classes tourbillons, 1 possible décrit le projet mené avec une classe de primaire. Cet ouvrage est truffé d'exemples de pratiques différenciées pour gérer des conflits et transgressions de règles.

Chez Jouvence, je me suis beaucoup aidé de : « Emotions, mode d'emploi » de C. Petitcollin

Un incontournable pour moi que chaque éducateur, qu'il soit parent, enseignant devrait lire : d'Isabelle Filliozat, l'intelligence du cœur chez Marabout

J'ai beaucoup cité également Eirick Prairat dans Eduquer et punir,  aux Presses Universitaires de Nancy.

- Avec les enfants, vous ne pouvez pas échapper au "conte chaud et

   doux des chaudoudoux" de Claude Steiner chez Interéditions.

 

 

Prochaine conférence de Jean-François LAURENT vendredi soir prochain à Canet en Roussillon près de Perpignan sur la précocité intellectuelle...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 07:30

Bonjour à tous,


    Comme vous le savez déjà, je suis très intéressé par les émotions dans la vie de tous les jours, mais également dans l'acte d'apprentissage. un courant de pensée a voulu nous faire croire qu'on pouvait laisser ses émotions à l'entrée de la classe et que l'enfant pouvait ainsi mieux apprendre.


     On sait bien maintenant que ce n'est pas possible et lorsque vous lisez  cet ouvrage intitullé : "L'erreur de Descartes" de Damasio, vous comprenez bien que sans émotions adaptées, une personne ne peut plus vivre avec les autres, que tous les choix et décisions prises au quotidien sont orientées, voire décidées par nos émotions afin d'être édaptées à soi et le milieu dans lequel on évolue. damasion cite l'exemple de Phinéa Gage dont le cerveau émotionnel avait été lésé suite à un accident de travail et qui ne put jamais s'insérer dans la société à la suite de cet accident alors que son intelligence cognitive était intacte. Ses choix au quotidien n'étaient plus bons parce que non décidés, guidés, orientés par les émotions.090420101223

 

      Alors, je viens à une observation qui revient de manière forte et lancinante. Je constate que certains enfants ont tendance à présenter des émotions qui ne sont pas justes ni adaptées à la situation. J'illustre mon propos :

      " Pierre vient de mettre un coup de pied à Sébastien... 

         Alexandre ne travaille pas et l'enseignant le reprend...

        Anaïs joue en cachette avec son téléphone portable alors qu'elle n'a pas le droit et se "fait prendre" ...

 

     Et là, je constate que l'enfant, au lieu d'être penaud, triste, gêné ou avec des regrets... propose une attitude de colère, voire d'exaspération. Je me retrouve régulièrement à nommer à l'enfant ma surprise, ma colère et mon incompréhension de l'expression de son ressenti proposé en externe. Je m'entends leur dire : " Non, tu te trompes, ce n'est pas toi qui est en colère, c'est moi ! Toi, tu devrais être triste, ennuyé, gêné... Je devrais presque déjà lire une demande d'excuses sur tes lèvres !  Du regret ! ou au moins un "profil bas".

 

    Régulièrement, nous nous retrouvons confrontés à ce type de situations et lorsque j'en parle dans mon entourage; cette attitude inadaptée à la situation, qui ne convient pas, est courante. Plusieurs éducateurs professionnels ou parents me l'ont confirmé.

 

   La question est de savoir quel sens nous donnons à cette nouvelle attitude. D'où vient-elle ? Quelle part de responsabilité en avons-nous ? Et que pouvons-nous faire ?

 

    Je vois deux raisons majeures à ces attitudes inapropriées. Si vous en voyez d'autres, je suis preneur que vous m'aidiez à approfondir le sujet (Ajoutez un commentaire) :

 

      - La première est certainement que l'attitude de l'enfant est adaptée au milieu de la maison où il vit et est efficace. Il exerce un chantage émotionnel afin d'obtenir ce qu'il souhaite. Ses parents répondent favorablement et tombent dans lle piège affectif tendu qui donne plus de résultats pour l'enfant qu'une émotion juste. Le parent piégé se sent coupable de l'état de l'enfant qui obtient ce qu'il souhaitait. Alors, pourquoi se gêner. On peut appeler cela du terrorisme émotionnel. Il y a peu, j'ai pu observer un enfant sur la cour qui dit à sa mère alors qu'elle lui dit au revoir : "De toute manière, tu préfères XX à moi, tu ne m'aimes pas... Et il s'en va. Sa maman lui court après et lui réaffirme tout son amour en se sentant coupable. Le piège s'était refermé... Un autre que je gronde pour une bétise sur la cour et qui me regarde avec un air outré qu'on ose le reprendre....

 

         La deuxième est la difficulté à prendre sa part de responsabilité dans une société où le modèle ambiant n'est pas celui-ci. L'enfant a de plus en plus tendance à rejeter la faute sur l'autre. "Ce n'est pas moi ! Je n'ai rien fait ! Ce n'est pas de ma faute ! Il est vrai que le système mis en place en cas de transgression de règles ne favorise pas la prise de responsabilité, mais plutôt la course à celui qui va le plus vite se plaindre et l'accusé (éventuellement à tort s'il court moins vite). L'éducateur doit proposer une autre attitude à l'enfant et expliciter les enjeux de l'expression d'émotions authentiques. En cela, il met en place un travail sur la base de la médiation scolaire et l'apprentissage à la gestion non violente des conflits et des transgressions de règles.090320101026

 

   Attention, nous devons être tous vigilents à permettre à chaque jeune d'exprimer ses émotions légitimes en fonction des événements de la vie. derrière, nous avons le risque qu'une émotion non justifiée favorise une décision non juste pour la personne ou son entourage. Nous rentrerions à ce moment là dans des jeux psychologiques déjà fréquents (en référence à Eric Berne dans le champ de l'analyse transactionnelle).

 

   Prendre en compte les émotions de l'apprenant, le guider dans ses ressentis, l'aider à mettre des mots, comprendre me paraît prioeitaire pour permettre aux jeunes de mieux être...

 

                 Jean-François LAURENT

 

 

 

     

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Qui Suis- Je ?

  • : Le blog de Jean-François LAURENT
  • : Présentation de mes activités de formateur, conférencier et écrivain dans les domaines de l'éducation : enfants intellectuellement précoces, HPI, EIP, APIE, ainsi que tout ce qui touche l'autorité, la violence, le conflit, les règles dans les établissements scolaires. Me retrouver sur le site : www.jeanfrancoislaurent.com
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